Par le Dr Marie-Elisabeth Sanselme-Cardenas
D'abord un texte que je trouve très intéressant et qui montre que le cognitivisme n'a pas toujours été ce qu'il est et que les prédécesseurs des cognitivistes contemporains avaient gardé l'esprit critique, c'est-à-dire l'esprit qui est indispensable à un scientifique. Autres grandes qualités, ils savaient ne pas s'éloigner de la clinique et mettre l'observation des patients avant les "tests", ils savaient se méfier des chiffres et de leur "apparente rigueur scientifique", ils savaient intuitivement ce que Jean-Claude Milner nous a si brillamment démontré au meeting avec d'autres termes, que ces mesures, ces chiffres, ces formules sont "trop simples, trop restreints, trop superficiels". Alors, si Catherine Thomas-Antérion dit "Relisons Ribot!", nous pouvons aussi dire, faisons relire Ribot aux psychologues modernes des neurosciences et espérons qu'ils se remettent en question devant l'intelligence et l'ouverture d'esprit de leurs aînés, de leurs paires, du moins dans ces extraits.
Théodule Ribot est-il le premier neuropsychologue ?
Par Catherine Thomas-Antérion (CHU de Saint-Etienne)
Théodule Ribot est un homme dont le patronyme est attaché à « la Loi de Ribot », celle qui dit que chez les personnes âgées (et particulièrement les personnes démentes – au sens proposé par Esquirol), les souvenirs anciens sont plus solides que les nouveaux (« moins sujets à la dissolution ») ! Ce fait est très connu, souvent vérifié même si dans certaines situations, il peut être pris en défaut. C’est aussi un homme qui voyait déjà la construction de la mémoire comme un vaste réseau et non comme un lieu de stockage figé et à jamais établi. Il écrivait ainsi dans Les Maladies de la Mémoire, en 1881 : « Si l’on admet comme substratum matériel de nos souvenirs des modifications des cellules et des associations dynamiques entre elles, il n’y a pas de mémoire, si chargée de faits qu’on la suppose, qui ne puisse suffire à tout garder : car, si les modifications cellulaires possibles sont limitées, les associations dynamiques possibles sont innombrables ».
L’œuvre de Théodule Ribot s’avère curieusement très peu connue des psychologues, des neurologues, des gériatres et des psychiatres. Elle est pourtant réputée pour être lisible et compréhensible y compris par un lecteur naïf et bien des faits énoncés pourraient l’être - certes dans un autre contexte scientifique et médical - encore aujourd’hui.
Théodule Ribot est né à Guingamp le 18 décembre 1839, dans une famille de la petite bourgeoisie. Après avoir travaillé à la demande de son père dans l’administration de « l’Enregistrement, des Domaines et du Timbre », il démissionna le jour de sa majorité pour entrer à l’Ecole Normale Supérieure, en 1862, alors qu’il avait échoué une première fois à l’admission et en avait été très affecté. Il obtint son agrégation en 1866 et enseigna six ans en lycée. Il soutint en 1873 à la Sorbonne avec succès ses deux thèses, la première (en latin !) concernait les idées associationnistes d’Hartley, et la seconde traitait de l'hérédité psychologique. Le sujet était alors très sensible au point que sa soutenance fut plusieurs fois reportée, de peur de manifestation des positivistes. Théodule Ribot s’employa à faire connaître les idées prônées par les philosophes anglais dans son ouvrage : La Philosophie Anglaise contemporaine, publié en 1870, puis la volonté d’introduire la quantité et la mesure dans l’étude des faits psychiques des philosophes allemands, dans son ouvrage : La Philosophie Allemande contemporaine en 1879.
En 1876, il fonda une nouvelle revue : La Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. Dès ces premiers écrits, il s’attacha à présenter les résultats de la psychologie expérimentale et oeuvra pour la séparation de la psychologie de la philosophie. Il défendit alors l’idée d’appliquer à l’étude des phénomènes psychiques et des sentiments, les méthodes de la physiologie et des sciences naturelles. Toute son œuvre fut tournée vers l’observation clinique des manifestations psychiques. Ignorant les polémiques que ses premiers travaux avaient suscitées, il employa toute son énergie à tenter d'élucider le fonctionnement normal de l'esprit en partant de la pathologie. En 1885, il fut chargé du premier cours de psychologie expérimentale à la Sorbonne. En 1888, sous l’influence de Renan, il occupa pour la première fois la chaire de "psychologie expérimentale et comparée" au Collège de France. Il forma ainsi beaucoup d'étudiants à « la psychologie scientifique » dont, par exemple, Pierre Janet. Ribot décéda le 9 décembre 1916.
Son texte plus que centenaire est un fervent plaidoyer de l’observation clinique et de l’apport de l’étude du cerveau lésé par des pathologies organiques ou troublé par des affections psychiatriques : « Toutes les manifestations de l'activité mentale peuvent être étudiées sous une forme pathologique. Les perceptions conduisent aux hallucinations, la mémoire à ses disparitions (amnésie), ses excitations (hypermnésie), ses illusions (paramnésie), la puissance volontaire peut être anéantie (aboulie), paralysée par les tendances impulsives ».
S’il décrivit et défendit la psychologie expérimentale, cet esprit savait souligner que, néanmoins, les expériences de laboratoire ont leurs limites : « La méthode des tests (épreuve) consiste dans la détermination, chez l'homme normal, des caractères physiques et psychiques qui lui sont propres (…). Mais ses promoteurs ont une tendance à en surfaire la valeur. Or il convient de remarquer que les statistiques et pourcentages n'ont qu'une apparence de rigueur scientifique. D'autre part, ce procédé de mesure appliqué aux formes supérieures de la vie psychologique, même à la mémoire et l'association, a fortiori aux opérations complexes du raisonnement, de la construction imaginative, aux passions, etc., ne sont pas toujours efficaces : ils sont trop simples, trop restreints, souvent superficiels, sans garantie suffisante et ils ne peuvent être toujours acceptés comme adéquats à la réalité ».
Relisons Ribot ! Date de publication : 24-01-2008
Un article qui relance le débat devant la terrible et fatale anorexie mentale. Faut-il attendre un poids "idéal" pour entreprendre le dialogue et chercher au plus vite à ouvrir la porte de la parole devant tant de souffrance, du moment que l'urgence vitale de la jeune patiente est levée y compris par une hospitalisation en réanimation si cela est devenu nécessaire?
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Quelques brèves
La fatigue, « la plainte la plus fréquemment exprimée dans une consultation de médecine générale » La Tribune
La Tribune observe sur sa page « bien-être » que « la fatigue est, avec la douleur, la plainte la plus fréquemment exprimée dans une consultation de médecine générale ».
« Derrière se cachent de multiples situations, de la plus bénigne à la plus sérieuse », remarque le journal.
Le quotidien revient sur la fatigue « phénomène strictement normal quand elle sanctionne des erreurs comportementales », puis note que « la fatigue devient un vrai symptôme quand le patient s’en plaint, parce qu’elle persiste malgré le sommeil ».
« Cela ne signifie pas pour autant qu’elle soit l’expression d’une pathologie grave », précise La Tribune.
Le journal aborde ainsi différentes causes de fatigue, comme la prise de médicaments, un état dépressif ou « les causes organiques, c’est-à-dire toutes les maladies au cours desquelles une fatigue peut se manifester ».
La Tribune rappelle toutefois que la fatigue est « un symptôme qui peut accompagner la plupart des pathologies. […] L’examen clinique et les examens biologiques permettent généralement d’orienter rapidement le diagnostic ».
Le quotidien se penche en outre sur la fatigue chronique, dont la cause est « inconnue à ce jour » et contre laquelle « aucun traitement n’existe à ce jour »
Les laboratoires sont bien en retard sur ce scoop! Combien de molécules attendent dans les coffres qui pourraient combler ce vide! Bien sûr, il faudrait d'abord lui donner un nom de scène médical car "fatigue chronique" c'est un peu banal pour faire avaler des boîtes, encore que..., mais peut-être que le diagnostic d'"asthénie complexe oisivolaborieuse somato-psychique nycthémérale" serait une bonne raison d'entrer en maladie chronique nécessitant de rester un consommateur fidèle du produit miracle de tel ou tel labo!
Un film documentaire « a suscité une kyrielle de réactions dans la psychiatrie » Libération
Libération revient sur la « sortie du très beau documentaire de Sandrine Bonnaire sur sa sœur autiste ».
Le quotidien constate que depuis 2 semaines, « une kyrielle de réactions a agité le monde de la psychiatrie publique. Des réactions de soutien, de colère, d’agacement, mais toutes sonnent comme des signaux d’alarme ».
« Non pas une onde de choc, mais un vrai courant d’air, salutaire et un rien réconfortant », ajoute le journal.
Libération relève notamment que « Roselyne Bachelot a appelé la réalisatrice pour la rencontrer », la ministre déclarant : « Ce film de Sandrine Bonnaire est important, et je partage son combat. Mais je voudrais insister que ce n’est pas seulement un problème d’argent, ni de moyens. Aujourd’hui, des efforts sont faits, et le plan santé mental avance ».
Le journal cite le Pr Claude Got, « un des sages de la santé publique en France, [qui] se montre plus circonspect ».
Le spécialiste déclare ainsi : « J’ai lu dans Libération : "La psychiatrie publique est laissée à l’abandon". Ce qui est inexact, si l’on n’explique pas pourquoi on a laissé la grande majorité des psychiatres se diriger vers un secteur privé plus rémunérateur, alors que nous avons le plus grand nombre de psychiatres par habitant en Europe ».
Libération relaie également la réaction du Dr Claude Jeangirard, fondateur de la clinique Le Chesnaie, « haut lieu de la psychothérapie institutionnelle », qui observe : « C’est le manque d’effectifs qui est directement la cause [de la situation de la psychiatrie publique]. Il y a autre chose qui nous atteint tous. La psychose, c’est indicible. La psychose est une impossibilité à dire… Et pourtant le psychotique est un être humain, il nous parle. […] Mais voilà, c’est toute la société qui n’entend rien ».
Autour du médicament
« Le gouvernement baisse les prix de plusieurs médicaments vedettes » Les Echos
Les Echos notent en effet que « des produits de marque se verront appliquer une baisse de tarif de 10 % à partir de juin ».
« Les prix des versions génériques de ces traitements vont également diminuer de 4 % », ajoute le quotidien.
Les Echos expliquent que « ces mesures destinées à réduire le déficit de l'assurance-maladie ont été décidées lors d'une réunion du Comité économique des produits de santé avec les différents acteurs du secteur la semaine dernière ».
Le journal précise que « les produits concernés sont des molécules qui ont perdu la protection de leur brevet il y a au moins 2 ans et n'ont pas fait l'objet d'un «tarif forfaitaire de responsabilité» (baisse des prix s'appliquant lorsque la pénétration des génériques sur une molécule donnée est insuffisante). Il s'agit donc de médicaments pour lesquels le taux de substitution par les génériques est élevé ».
Le quotidien observe ainsi que « la liste arrêtée la semaine dernière comprend des produits très largement prescrits. […] : toutes les versions génériques de l'oméprazole, le plus populaire des antiulcéreux, et le médicament de marque qui leur correspond, le Mopral d'AstraZeneca. Sont également concernés trois médicaments contre le cholestérol, le Zocor de Merck & Co., l'Elisor de Bristol-Myers Squibb et le Vasten de Sanofi-Aventis, ou encore le Triatec de Sanofi-Aventis ainsi que leurs copies génériques ».
Les Echos retiennent qu’« au total, cette mesure va amputer les revenus des laboratoires de 72 millions d'euros : 50 millions pour les médicaments de marque et 22 millions pour les génériques ».
Le journal relève que selon Pascal Brière, président du Gemme, « avec ces nouvelles baisses de prix, le marché français des «copies» de médicaments ne devrait progresser en valeur que «de 5 à 10 %» [cette année]. Nettement moins que les 15 % atteints l'an dernier ».
Franchises : Roselyne Bachelot « n’exclut pas un remboursement des assurés les plus défavorisés » Le Parisien
Le Parisien indique brièvement que « la ministre de la Santé n’a pas exclu hier un remboursement des franchises médicales aux assurés les plus défavorisés ».
Le journal ajoute que « Roselyne Bachelot a estimé que les dépassements d’honoraires des médecins […] constituaient «le problème majeur d’accès aux soins» ».
« Ordonnances : les nouveaux droits des pharmaciens » Le Figaro
Le Figaro rappelle que « depuis le 5 février, [selon un décret paru au Journal officiel], les pharmaciens peuvent délivrer des médicaments en dépannage pour les traitements chroniques ».
Le journal ajoute que « ce décret prévoit qu’un tel dépannage n’est possible que lorsque le traitement initial est prescrit pour une durée d’au moins 3 mois », et « les médicaments concernés ne doivent pas être des produits stupéfiants ou des molécules auxquelles est appliquée la réglementation des stupéfiants ».
Le Figaro se penche ainsi sur « les nouveaux droits des pharmaciens », précisant que « le pharmacien devra informer le médecin prescripteur de cette disposition ».
Le quotidien observe que « les médecins qui pourraient voir à travers ce dépannage une remise en question de leur prérogative sont globalement satisfaits ».
Sur la même page, Le Figaro remarque que l’Igas se prononce « contre le coaching des patients par les firmes » et « demande au Parlement de suivre cet avis ».
Le secteur pharmaceutique « revoit son modèle économique » Libération, Le Figaro économie, Le Monde, La Tribune
C’est ce que constate Libération, qui observe dans un article que « le paquebot Sanofi tente de rester à flot ».
Le quotidien indique que « le numéro 4 mondial et deuxième européen du médicament a présenté hier des résultats «tout à fait honorables» de l’avis d’un analyste alors que le secteur, autrefois florissant, connaît une très profonde crise de mutation ».
Le journal note ainsi qu’« avec un bénéfice de 7,1 milliards d’euros en hausse de 1,1% - et ce malgré un léger recul du chiffre d’affaires à 28 milliards d’euros -, Sanofi a dépassé son objectif de croissance du résultat en 2007 et se permet même de tabler sur une progression de 7 % de l’activité en 2008 ».
Libération remarque que « pris en tenaille entre la concurrence de génériqueurs qui pèsent fortement sur les prix […] et le durcissement d’instances de santé qui tentent par tous les moyens de limiter la progression des dépenses de santé, le paquebot Sanofi est à l’image du reste du secteur. Il doit dépenser de plus en plus d’argent pour lancer des nouveaux médicaments qui rapportent de moins en moins ».
« D’où un discours remodelé, déjà entendu chez le supertanker Pfizer il y a quelques semaines (avec 10 000 suppressions d’emplois en prime), d’une nécessaire «débureaucratisation» de la recherche. Elle passe, explique-t-on chez Sanofi, par une «gestion décentralisée» au plus près des spécificités de chaque marché et «des mesures d’adaptation sélectives et efficaces» », relève le journal.
Libération cite un spécialiste, qui note : « On sent un virage vers les biotechs et la multiplication de médicaments de niche plutôt que la focalisation sur le médicament miracle ».
Sur la même page, le quotidien remarque que « Pfizer pense déjà à l’après-Viagra. Le labo confirme la clôture d’un centre de recherche en France mais consolide, à côté, son usine ».
Le Figaro économie relève aussi que « Pfizer souffle le chaud et le froid ».
Le quotidien observe que « le laboratoire américain a annoncé hier la création d’un site de 440 emplois à Amboise (Indre-et-Loire), 5 jours après y avoir confirmé la fermeture d’un centre de recherche employant 110 salariés ».
Le journal note également que « Sanofi Aventis maintient sa rentabilité dans un environnement difficile ».
La Tribune retient de son côté que « les labos s’essaient à de nouvelles pistes de développement », tandis que Le Monde constate que « réglementation et produits génériques ont pesé sur les résultats des laboratoires ».
« Inquiétudes sur le Botox aux Etats-Unis » Le Figaro, La Tribune
Le Figaro note que selon la Food and Drug Administration, « l’usage de la toxine botulique […] pourrait avoir des effets dangereux, voire mortels ».
Le quotidien indique ainsi que la FDA « a eu connaissance de «rapports portant sur des réactions graves», qui affectent l'appareil respiratoire, en particulier ».
« L'autorité américaine de surveillance du médicament ne va cependant pas jusqu'à interdire cette substance utilisée par des millions de personnes dans le monde pour gommer leurs rides de vieillesse », observe Le Figaro.
Le journal note que « le Dr Russell Katz, qui dirige la division des produits neurologiques de la FDA, a précisé qu'aucun patient ayant utilisé du Botox à des fins esthétiques ne figure parmi les victimes recensées, mais il a demandé la plus grande vigilance tant de la part des médecins que de leurs patients ».
Le Figaro explique que « les cas d'intoxication les plus sérieux se sont produits chez des patients à qui la toxine botulique a été injectée à des fins thérapeutiques, c'est-à-dire à des doses beaucoup plus élevées qu'en usage cosmétique ».
« Il s'agit le plus souvent de soigner des contractions incontrôlables des muscles du cou et des épaules, un strabisme ou encore des battements incontrôlés des paupières », poursuit le journal.
Le quotidien note que « la FDA fait état de réactions proches de celles observées avec le botulisme, une maladie gravissime qui survient «lorsque la toxine botulique se répand dans le corps au-delà de l'endroit où elle a été injectée». Elles pourraient être liées à un surdosage ».
La Tribune relève également que la FDA « a averti que l’usage de la toxine botulique, commercialisée notamment sous le nom de Botox, pouvait avoir des effets dangereux, voire mortels ».