Brèves de Mediscoop, par le Dr Marie-Elisabeth Sanselme-Cardenas
SOPHISMES OU PARALOGISMES ? RAISONNEMENTS PSEUDO-SCIENTIFIQUES.
Comportements suicidaires en baisse durant la canicule de 2003 » Le Figaro
Le Figaro rend compte sur quelques lignes d’une « étude comparative des dossiers des patients reçus au service psychiatrique de l’hôpital Tenon (Paris) », menée par Delphine Morali et publiée dans La Presse médicale.
Le journal cite ce travail, qui fait savoir que « pendant la canicule [de l’été 2003], le nombre de comportements suicidaires a été significativement réduit : il représentait 12,3 % des consultations d’urgence psychiatrique, contre 25 % en 2002 sur la même période (août) ».
Le Figaro précise qu’« à l’inverse, dans le même temps, le nombre d’hospitalisations en psychiatrie avait pourtant augmenté », ajoutant qu’« une fois passé les 3 semaines de canicule, le nombre de comportements suicidaires est revenu à sa moyenne habituelle ».
Le quotidien observe que « le même phénomène a été observé à New York, lors des attentats du 11 septembre ».
« Il confirme, selon les auteurs, «qu’une plus forte cohérence sociale réduit certaines formes de détresse psychique» », indique le journal.
S’il s’agit d’un pourcentage en période de crise et avec les moyens habituels, on ne peut guère s’attendre à autre chose qu’à une baisse du chiffre, quel intérêt trouve-t-on à ce calcul ? Va-t-on conclure qu’il faut des attentats, des catastrophes naturelles et des guerres pour créer du lien social ? Va-t-on à l’étape suivante penser que tel neuro médiateur est augmenté dans ces périodes de grand stress et qu’il faut par exemple en donner régulièrement à ceux qui auraient une propension au suicide ? On peut à partir de chiffres sans sens produire toutes sortes de délires, on les provoque. L’ordre est inversé, on pousse à chercher le sens après. Voilà encore un effet pervers du chiffrage pour lui-même, du chiffrage qui tourne en rond, sans but et qui ne sait plus ce qu’il veut dire. Le quantitatif apporte-t-il quelque chose dans cet exemple ?
Première baisse des cancers du sein en France » Le Figaro
Le Figaro note que « pour la première fois, une enquête française [parue dans le Bulletin du cancer] met en évidence une diminution du nombre de nouveaux cas de cancer du sein en 2005 et en 2006 ».
Le journal indique que « les auteurs estiment que cette réduction est à mettre sur le compte de la chute de l’utilisation du traitement hormonal de la ménopause en juillet 2002 ».
Une baisse qui « survient alors même que, le dépistage du cancer du sein s’étant généralisé en France, le nombre de cancers découverts aurait dû augmenter », ajoute le quotidien.
Le Figaro relève ainsi qu’« entre 2000 et 2004 le nombre de nouveaux cas de cancer du sein en France progresse de 2,1 % par an. […] Depuis 2004, ce nombre n’a cessé de baisser (moins 4,3 % entre 2004 et 2005, et moins 3,3 % entre le premier semestre de 2005 et celui de 2006) ».
Le journal précise qu’il y a eu « une diminution plus forte (6 %) pour les femmes de plus de 50 ans », alors qu’« il n’y a pas eu de baisse significative chez celles de moins de 50 ans (moins 0,5 %) entre 2005 et 2006 ».
Le quotidien retient que « pour les auteurs de l’étude, il est clair que la réduction du nombre de cancer du sein est liée au reflux du traitement hormonal de la ménopause ».
Sur la même page, Le Figaro observe que selon l’Académie de médecine, « il serait possible de mettre en place une véritable politique de prévention de cette maladie ».
Le journal relève que « les experts de l’Académie estiment en premier lieu que les femmes comme les médecins sont insuffisamment informés », puis note que « la fréquence du cancer du sein peut diminuer en rajeunissant l’âge de la première grossesse, en promouvant l’allaitement ou en limitant les traitements hormonaux ».
Comment peut-on décider de manière péremptoire qu’une constatation, elle-même à démontrer, « est à mettre sur le compte de … ? » Par ailleurs juger sur une période de deux ans un évènement qui peut mettre sept à huit ans à s’installer ou du moins dont la première cellule cancéreuse remonte à toutes ces années au moment de la découverte de la tumeur et dont les causes d’installation et d’apparition sont multiples pour ne pas dire très nombreuses, est-ce un raisonnement scientifique ou un argument dont l’honnêteté intellectuelle peut être mise en doute, afin de soutenir une thèse définie et décidée par avance ?
Peut-on comparer la baisse des cancers chez les femmes de plus et celles de moins de 50 ans alors que pour les unes le dépistage est « sauvage », fonction des habitudes des médecins, des antécédents familiaux et personnels des patientes, des facteurs de risques éventuels et que pour les autres, celles de plus de 50 ans, un dépistage national est organisé depuis quelques années voire dans certains départements depuis une quinzaine d’années ?
Que signifie en langage scientifique « pour les auteurs de l’étude, il est clair… » ? Que les auteurs ont assez d’autorité pour imposer leur point de vue ?
« Il serait possible de mettre en place une véritable politique de prévention de cette maladie ». Le conditionnel est-il un argument scientifique et une démonstration ou un optatif que l’on fait passer pour tels afin de faire admettre une thèse en touchant à la partie sensible des gens. Ou bien est-ce une façon de dire que c’est possible scientifiquement et que c’est politiquement que le « serait » s’applique ?
Pour l’information, je suis d’accord qu’il faut qu’elle soit le plus précise et exacte possible et cette brève n’est pas pour rassurer là-dessus. Pour ma part, je pense qu’il est bon de rappeler qu’une grossesse suivie d’un allaitement est la seule façon de mener à son terme, la différenciation d’une cellule mammaire, situation de moins grand risque de cancérisation et cancer moins grave quand il survient quand même. Il est bon de le rappeler afin que la société donne les moyens aux jeunes femmes d’avoir un vrai choix possible de faire des enfants tôt et de les allaiter (le but d’allaiter pour diminuer le risque d’avoir soi-même un cancer du sein, paraissant un peu une déviation de son but réel, conscient et inconscient !) et non pour les culpabiliser de ne pas l’avoir fait ou de ne pas le faire, car on en revient à l’idée de responsabiliser comme en psychanalyse mais pas à culpabiliser quand on se trouve face à des situations où c’est impossible ne serait-ce que pour des raisons alimentaires !
Quant à « limiter les traitements hormonaux », on s’acharne depuis cinq ans sur les traitements hormonaux de la ménopause qui apportent un soulagement, quasi indispensable à certaines femmes, à un âge où elles ont une vie familiale et sociale des plus actives mais n’ont plus le problème de la contraception et on s’acharne sur ceux-ci sans même soulever le problème des pilules contraceptives qui elles, sont données à des femmes très jeunes, parfois avant même que la mise en place du fonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien ne soit achevée, donc sur des tissus particulièrement immatures et donc particulièrement sensibles. Mais là l’intérêt contraceptif général prime sur l’intérêt particulier et on ne s’est pas posé la question depuis les 50 ans de contraception oestroprogestative généralisée, des risques encourus. On n’a pas cherché, en dehors du cabinet du médecin, mais pas sur la place publique comme pour les traitements de la ménopause, à donner là aussi une information complète permettant des attitudes singulières qui peuvent par exemple préférer d’autres risques peut-être moins graves, comme ceux du port d’un stérilet même chez des jeunes filles ou oser le courage parfois de conseiller le préservatif, même dans des couples stables, pas seulement d’en parler. Les médias ne débattent souvent que de ce qui peut faire scandale, pas de ce qui appelle à une discussion argumentée et à un échange raisonné de points de vue avec des prises de risques éclairées, responsables et personnelles. Bien sûr que c’est le travail du médecin, mais cela l’est tout autant pour le traitement hormonal de la ménopause, alors laissez, tant les médias que les laboratoires faire les médecins avec leurs patientes considérant qu’ils sont capables de donner une information loyale et aussi complète que possible, qu’elles sont capables de la recevoir, mais qu’elles ont le droit, pour l’instant, de demander l’avis de leur médecin et de lui faire confiance, du moins tant qu’elles peuvent encore le choisir.
Encore une brève d’allure peu sérieuse, et pourtant je suis de celles qui savent ce que c’est que de devoir supporter physiquement le tabac des autres dans les lieux publics y compris au travail !
« L’interdiction de fumer dans les lieux publics produit déjà des effets sur la santé » La Croix
C’est ce que remarque La Croix, qui note que « depuis janvier, les admissions aux urgences pour infarctus du myocarde ont baissé de 15 % » par rapport à janvier 2007.
Le journal ajoute qu’« une baisse du même ordre est relevée concernant les admissions pour accident vasculaire cérébral ».
La Croix indique que ces données « spectaculaires » ont été communiquées par le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière, « missionné par le ministère de la Santé pour conduire cette surveillance ».
Le praticien précise cependant qu’« il n’y a pas encore de certitude absolue et nous devrons encore attendre quelques mois pour confirmer la tendance ». (Etude disponible sur le site de La Croix)
ET LE DÉSIR ?
« Les bars à oxygène débarquent » Le Parisien
Le Parisien indique en effet que ce « nouveau concept vient de débarquer à Paris après avoir déjà fait tourner la tête de tout le reste de la planète ».
« Antifatigue, antistress, antidéprime, euphorisant et décontractant », le journal observe que « vendu comme un «remède» destiné aux citadins en manque de tonus, et de vitalité qui subissent au quotidien la pollution et le bouillonnement de la ville, le bar à oxygène promet un effet coup de fouet en 10 minutes d’inhalation ».
Le quotidien explique que « pour inhaler l’oxygène, on utilise un humoir, petit embout de plastique qu’on fixe sous le nez ».
Le Parisien précise qu’on peut ainsi humer « de grandes rasades d’oxygène concentré à 95 %, là où dans l’air ambiant le taux normal ne dépasse jamais les 20 % », imprégnées de diverses huiles essentielles.
Le journal livre « l’avis des médecins ».
Le quotidien relève que « les spécialistes restent perplexes », remarquant : « Tout juste sait-on qu’à partir de certaines concentrations (au-delà de 99,5 %), où l’oxygène est réservé à l’usage médical, et sur de longues durées d’exposition (à partir de 6 heures), l’oxygène peut présenter des risques pour les poumons et le système nerveux central ».
Le Parisien cite le Pr Dautzenberg, pneumologue à la Pitié-Salpêtrière, qui « estime que «cela ne peut pas faire de mal» si les règles d’hygiène sont respectées ».
« Le danger viendrait plutôt des huiles essentielles à utiliser avec précaution », poursuit le journal.
Le quotidien note par ailleurs que « l’Afssaps recommande la vigilance sur les allégations santé de ces bars, certains cocktails se vantant de lutter contre les maux de tête ou le rhume… ».
Comprendre et vaincre la dépression » Sciences et Avenir numéro 732
C’est ce que titre Sciences et Avenir sur sa Une.
Le magazine observe en effet dans un dossier que « le fonctionnement d'un cerveau déprimé est aujourd'hui mieux compris grâce aux neurosciences. Et la panoplie des traitements - médicaments et psychothérapies - s'élargit ».
Le mensuel relève notamment que « des études américaines ont précisé les zones cérébrales activées dans les moments de bien-être mental ».
« Une piste pour soigner les périodes plus sombres ? », s’interroge Sciences et Avenir.
Le magazine explique en outre « comment reconnaître une dépression », rappelant qu’« il n'y a pas une dépression, mais plusieurs, très différentes les unes des autres », ou encore remarque que « les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes, et tous les âges sont concernés ».
Sciences et Avenir consacre 4 pages à la « panoplie de nouveaux traitements », relevant notamment qu’« une molécule, l'agomélatine, encore à l'étude, agit en régulant l'horloge interne du malade. Et sans les effets secondaires des précédentes classes d'antidépresseurs ».
Les hommes consomment plus d’alcool, les femmes plus de psychotropes » La Croix
La Croix indique que « l’Insee publie une vaste enquête sur les différences hommes-femmes, […] dans des domaines aussi divers que la santé, l’emploi, les salaires ou l’éducation ».
Le journal se penche sur le volet santé de l’enquête, notant que « l’organisme présente un éclairage particulier et riche d’enseignements de la consommation des substances psychoactives, alcool, tabac, cannabis et psychotropes, en s’appuyant sur le baromètre santé 2005 de l’Inpes ».
La Croix cite ainsi cette étude de l’Insee, qui remarque que « l’usage régulier de substances psychoactives est davantage un comportement masculin. Seule exception à cette règle, la consommation de médicaments psychotropes, majoritairement féminine ».
Le quotidien précise que « l’âge, le milieu social et l’exercice d’une activité professionnelle ont également une forte influence » sur les comportements.
Le journal observe ainsi que « si les hommes sont de plus grands buveurs, l’écart avec les femmes se réduit avec l’âge. De même, pratique jeune et masculine, l’usage du cannabis s’effondre avec l’âge ».
La Croix ajoute que « chez les hommes, plus on monte dans l’échelle sociale, moins on consomme de substance psychoactives. […] Les femmes font le chemin inverse : l’usage de ces produits augmente avec la position sociale ».
Le quotidien cite Stéphane Legleye, de l’Observatoire des drogues et des toxicomanies, qui note : « On peut supposer que plus les femmes montent dans l’échelle sociale, plus elles ont les moyens de transgresser les stéréotypes et de masculiniser leur consommation ». (Etude consultable sur le site de l’Insee)
En Argentine, la téléréalité lutte contre l’obésité » La Croix
La Croix consacre un article à une émission de téléréalité argentine, intitulée « Question de poids » [sic], dans laquelle « les participants [tous obèses] doivent perdre des kilos pour rester en course ».
Le journal précise que « le gagnant, élu par les téléspectateurs à la fin de l’année, se verra offrir de l’argent ou un appartement ».
Le quotidien explique que « le programme, durant lequel des reportages sont présentés, est diffusé du lundi au vendredi pendant une heure et demie. […] Tous les jours, les participants […] se rendent à la clinique d’Alberto Cormillot, un célèbre nutritionniste. Pas de chirurgie au programme : le traitement repose sur la diète et l’exercice physique, sous contrôle médical et psychologique ».
La Croix observe que « pour ceux qui réussissent, l’adaptation à la nouvelle silhouette est parfois difficile », et se penche sur « ceux qui quittent le programme ».
Le journal cite le nutritionniste, qui déclare que « tous ont accès à vie à ma clinique, gratuitement ».
La Croix note ainsi qu’« un des buts de l’émission [est de] changer les mentalités dans un pays où 49,5% de la population est concernée par l’obésité ».
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