dimanche 10 février 2008

Quelques brèves : questions d'éthique

Questions d'éthique!

Malgré trois week end à la suite bien occupés par le devenir de la psychanalyse et des humanités et la lutte contre les nouvelles formes que prend l'obscurantisme, parfois à peine voilées, prenons le temps de lire quelques brèves. Elles posent des questions d'éthique très différentes qui finissent par faire question par elles-mêmes sur la corruption ambiante de notre chère société moderne des démocraties libérales dites occidentales. Alors qu'est-ce que cela doit-être en dehors des démocraties!

Pour finir, une brève peut-être pas anodine.

Dr Marie-Elisabeth SANSELME-CARDENAS

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« La France s'attaque à la fraude scientifique » Le Monde
Le Monde indique en effet que « le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a demandé à Jean-Pierre Alix, du CNRS, d'établir un diagnostic sur l'"intégrité scientifique", et de proposer des remèdes ».
Le journal note que « les errements de la science sont légion. […] Même si les entorses à la probité sont vieilles comme la science, l'impact de la recherche moderne sur les sociétés et les économies amène institutions scientifiques et gouvernements à s'inquiéter de ce que les Anglo-Saxons appellent misconduct (inconduite ou écart de conduite) ».
Le Monde observe que « les statistiques sur les pratiques frauduleuses sont très lacunaires. En France, elles sont absentes. D'autant que la ligne de démarcation entre le péché véniel (présentation de données partielles, emprunt ponctuel à un autre auteur...) et la faute caractérisée (fabrication de résultats, falsification ou plagiat) n'est pas clairement définie ».
Jean-Pierre Alix, chargé des relations science-société au CNRS, déclare toutefois que « toutes les études indiquent que ces pratiques sont en augmentation ».
Le Monde rappelle qu’« une récente enquête sur le plagiat a révélé, sur les 7 millions d'articles les plus cités de la base documentaire médicale Medline, 70 000 cas de "haute ressemblance" détectée par un moteur de recherche spécialisé ».
« Une autre étude américaine, publiée en 2005 par Nature, donne à penser que les manquements à l'éthique sont de beaucoup plus grande ampleur. Sur près de 8 000 chercheurs du secteur biomédical questionnés sous le sceau de l'anonymat, pas moins de 33 % de ceux qui ont répondu ont confessé un comportement coupable au cours des 3 années précédentes »,
poursuit le journal.
Le quotidien précise que selon cette étude, « la palette est large : données falsifiées (0,3 %), appartenance non signalée à une entreprise (0,3 %), pillage d'idées (1,4 %), rapports critiquables avec des étudiants ou des clients (1,4 %), usage d'informations confidentielles (1,7 %), omission de résultats contradictoires (6 %), modification de résultats à la demande d'un bailleur de fonds (15,5 %)... ».
Le Monde ajoute que « les fautes avouées sont plus nombreuses en milieu qu'en début de carrière (38 % contre 28 %), peut-être parce que les occasions de fraude sont plus fréquentes et le sentiment d'impunité plus assuré ».
Le journal observe que « des pays ont commencé à réagir, par des textes, des codes ou des procédures », Jean-Pierre Alix notant que la France « n'est pas en avance sur cette question ».
Le quotidien indique que le cadre du CNRS « prévoit d'organiser un colloque à la fin de l'année, afin de "sensibiliser et d'impliquer les institutions scientifiques" ».

« L’assurance maladie rechigne à admettre la réalité des suicides au travail » Libération
Libération aborde le cas d’un homme qui « s’est pendu dans les toilettes de [son] entreprise », l'été dernier.
Le journal observe que sa compagne « a du mal à contenir ses larmes. […] La CPAM refuse de reconnaître le suicide de son compagnon en accident du travail, et donc de prendre en charge son décès ».
« Des médecins qui avaient suivi son conjoint et différents rapports d’enquêtes avaient pourtant établi des liens entre le suicide et le travail »,
ajoute le quotidien.
Libération note que « la scène n’a rien d’unique : les familles de salariés qui se sont donné la mort au travail doivent souvent batailler pour contester la première décision des CPAM qui, régulièrement, en rejettent la prise en charge ».
Le journal relève que « pourtant, une circulaire de la CNAMTS adressée en novembre 2007 aux directions de son réseau rappelle sans équivoque le principe de présomption d’imputabilité, constamment réaffirmé par la jurisprudence ».
Libération indique ainsi que « lorsque le suicide intervient durant le temps et sur le lieu du travail, il doit être reconnu comme accident du travail, sauf si la CPAM peut «établir que les conditions de travail n’ont joué strictement aucun rôle dans la survenue du décès, autrement dit que le décès est dû à une cause totalement étrangère au travail» ».
Le quotidien remarque que « fortement symbolique pour les proches des victimes, la reconnaissance d’un suicide en accident du travail a aussi d’importantes conséquences financières : le conjoint a alors droit à une rente viagère égale à 40 % du salaire annuel du compagnon décédé ».
Le journal cite Pierre Chiaradia, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés, qui indique qu’« il y a un souci de formation des agents et une insuffisante collaboration entre les services administratifs et médicaux des CPAM ».

« La carte de France des maternités supprimées » L’Humanité
C’est ce qu’annonce L’Humanité sur sa Une.
Le journal livre la liste « département par département, des maternités et services de chirurgie déjà fermés ces dernières années ou menacés aujourd’hui ».
Le quotidien note ainsi sur 3 pages que « l’Etat ne cesse de fermer maternités et hôpitaux de proximité. Un seul but : la rentabilité. Au détriment des besoins ».
L’Humanité parle de « système hospitalier dévasté » et publie notamment un reportage à Carhaix (Finistère), où « élus, syndicats, personnel et usagers se mobilisent » pour la sauvegarde de deux services de l’hôpital « menacés », la maternité et la chirurgie.
Le journal remarque que « la résistance s’organise dans les départements alors que Roselyne Bachelot tient ses états généraux de la santé ».

Hormones de croissance, « une médecine en procès » Libération, Le Figaro, Le Parisien, La Croix, Le Monde, L’Humanité, Les Echos
C’est ce que titre Libération sur sa Une, rappelant en gros caractères : « 111 morts, 250 parties civiles, 16 ans d’instruction, 70 tonnes de procédure ».
Le journal se penche ainsi sur l’« ouverture aujourd’hui du procès sur les hormones contaminées », et relève que « les 7 accusés nient leur responsabilité ».
Libération remarque sur 3 pages que « ce procès démesuré va devoir décortiquer l’un des plus importants scandales sanitaires que la France ait eu à connaître ».
« Un procès qui, au-delà des responsabilités individuelles, doit répondre à cette question : pourquoi la France a-t-elle eu plus de cas de décès dus à la prescription de l’hormone que tout le reste du monde ? »,
continue le quotidien.
Le journal brosse le portrait de plusieurs victimes : « Tous disent n’avoir rien compris à l’histoire. Tous ont fait confiance. Tous se souviennent qu’on ne leur a rien dit ».
Libération revient en outre sur les débuts de l’affaire : « C’était il n’y a pas si longtemps, un peu plus de 20 ans. Et pourtant, toute l’affaire paraît renvoyer à une autre époque de la médecine moderne. Une époque où tout se confond, où certains médecins se prennent pour des industriels, et refusent tout contrôle ».
« Ils ont leur domaine et ne supportent aucun regard extérieur. Ils sont persuadés de bien faire, ne disent pas un mot à leurs patients sur les risques, répétant que «l’hormone française est la meilleure». Aujourd’hui, veille de leur procès, ils continuent de dire qu’ils n’ont commis aucune faute »,
relève le journal, qui se penche ainsi sur ce « petit milieu médical très sûr de lui ».
La Croix consacre également sa Une à ce « procès 16 ans après ».
Le quotidien retient que « les victimes réclament justice », observant que « la Grande-Bretagne a tranché il y a 10 ans ».
Le Figaro livre des « paroles de victimes » et note que « la France compte à elle seule la moitié des cas mondiaux ».
Le Parisien parle pour sa part de « 104 décès au coeur d'un procès », un « triste et morbide record pour la France ».
Le journal consacre une double page au sujet, se penchant notamment sur ces « 7 mandarins au banc des prévenus » et sur ces « hypophyses bien lucratives ».
Le quotidien interroge en outre le Pr Luc Montagnier, qui rappelle : « Dès 1980, j’avais lancé l’alerte, en vain ».
L’Humanité aborde aussi ce « scandale de l’hormone de croissance » sur 2 pages, retenant que « très vite, les impératifs de rentabilité – et de profits – vont prendre le pas sur les précautions sanitaires les plus élémentaires ».

Des recommandations suisses sur le sida qui « font polémique » Le Monde
Paul Benkimoun observe dans Le Monde que selon les experts suisses de la Commission fédérale pour les problèmes liés au sida, « les couples stables où l'un des deux partenaires est séropositif, mais n'a plus de virus du sida détectable dans le sang grâce au traitement, peuvent se passer de préservatif ».
Le journaliste explique que ces experts « partent d'un constat unanime : l'introduction, à partir de 1996, des combinaisons de médicaments antirétroviraux a non seulement modifié l'évolution de la maladie chez les personnes infectées, mais a aussi diminué la transmission du VIH. […] Bien suivi, le traitement antirétroviral rend la charge virale indétectable ».
Paul Benkimoun ajoute que « les experts suisses s'appuient sur trois études regroupant au total 548 couples hétérosexuels sérodifférents ne montrant pas de cas de transmission avec un traitement bien suivi et une charge virale indétectable ».
Le journaliste indique cependant que cette « prise de position [est] jugée prématurée par l'OMS et l'Onusida ou, en France, par le Conseil national du sida ».
Paul Benkimoun relève notamment que « dans un communiqué commun, l'Onusida et l'OMS rappellent qu'il n'a pas été prouvé qu'une charge virale indétectable "élimine complètement le risque de transmettre le virus" et soulignent l'importance de "méthodes de prévention efficaces et éprouvées contre le VIH " ».
Le journaliste cite en outre Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites, qui « s'inquiète des répercussions possibles du message de la CFS, qui pourrait "miner les efforts de prévention, en particulier dans la communauté gay où existe un taux élevé de contaminations" ».

Pour la brève qui suit, le problème est un peu différent : toutes les propositions qui existent déjà pour des foetus de 500 g ou de 20 semaines d'aménorrhée sont étendues à des foetus de tous poids et de tout âge, est-ce avec de bonnes intentions, ou cela prépare-t-il l'étape suivante qui serait de dire que si tout bébé est une personne à part entière au sens de la loi, alors, l'interruption de grossesse quel que soit son terme, est un crime? La méfiance et la vigilance sont de rigueur et la loi Veil est très fragile malgré la force combative et le courage de la femme qui lui a donné son nom.

« La Cour de cassation reconnaît une existence à tout fœtus » Le Parisien, Le Figaro, La Croix
Le Parisien consacre un article à « une décision qui pourrait aller bien plus loin qu’elle en a l’air ».
Le journal observe en effet qu’« hier, dans trois arrêts rendus par la première chambre civile, la Cour de cassation a jugé que, désormais, un fœtus né sans vie pouvait être déclaré à l’état civil, quel que soit son poids ou la durée de la grossesse ».
Le quotidien note que « jusque-là, l’enfant mort-né devait avoir atteint 4 mois et demi ou peser plus de 500 g pour pouvoir être considéré comme une personne juridique et bénéficier d’obsèques ».
Le Parisien observe que « cette décision fait bouillir Chantal Birman, vice-présidente de l’Ancic (Association des centres d’interruption de grossesse et de contraception), qui la juge extrêmement dangereuse ».
La responsable déclare ainsi : « C’est nier l’histoire de la grossesse qui se construit dans le temps. Les femmes ne peuvent pas vivre avec de tels cimetières dans la tête ! ».
Le Figaro relève également qu’« un fœtus né sans vie peut être déclaré à l’état civil ».
Le journal retient que cet arrêt de la Cour de cassation « permet une meilleure définition du statut du fœtus. Les parents pourront désormais lui donner un nom et organiser ses obsèques ».
« Les parents obtiennent aussi la possibilité de bénéficier de certains droits sociaux comme le droit au congé maternité »,
poursuit le quotidien.
Le Figaro note que « certaines associations comme celles des infirmières, médecins et professionnels de santé catholiques se réjouissent de cet arrêt ».
La Croix remarque de son côté que « cette décision fera jurisprudence ».


Comme nous le craignions ci-dessus, le statut du foetus et même celui de l'embryon sont remis en question et est relancé le débat mais avec lui ressortent les vieux démons qui conduisent à une nouvelle forme d'obscurantisme, sous sa forme moderne.

« Etat civil pour le fœtus : la polémique s’installe » Le Figaro, Libération, La Croix, L’Humanité
Le Figaro constate que la décision rendue par la Cour de cassation, qui « a permis à 3 familles plaignantes de donner un état civil à leurs bébés «mort-nés» alors que leur âge et leur poids étaient inférieurs aux 22 semaines et 500 g que l’OMS prévoit dans sa réglementation, […] repose la question du statut juridique du fœtus ».
Le quotidien remarque qu’il s’agit là d’une « façon d’interpeller le législateur et de le presser de donner un statut juridique au fœtus ».
Le journal relève cependant que cette décision « rouvre la controverse entre pro et anti-avortement ».
Le Figaro observe que « le Mouvement français pour la planning familial se dit «scandalisé» », sa secrétaire générale, Maïté Albagly, ayant déclaré qu’« on ouvre une brève [qui] peut, à la longue, mettre en cause l’avortement ».
« A l’inverse, pour Jean Goyard, le président de Droit de naître, qui milite pour le statut juridique de l’embryon au sein de sa mère, cet arrêt est «un bon pas, dans la bonne direction» »,
note le journal.
Le Figaro revient sur « la notion floue d’être vivant », puis livre les propos du Pr Jean-François Mattei, pour qui « cet arrêt ne modifie pas la loi sur l’IVG ».
Libération relève également que « la Cour de cassation relance le débat sur le statut du fœtus ».
Le journal estime que cet arrêt « ouvre une brèche en faveur des anti-IVG ».
Le quotidien note ainsi : « D’un côté, les catholiques à tendance traditionaliste applaudissent des deux mains, tout comme les associations anti-avortement. […] De l’autre bord, les défenseurs du droit à l’avortement, ou plus généralement du droit des femmes, crient au scandale ».
Libération remarque que « si cet arrêt de la Cour pose un tel problème de fond, c’est parce qu’il ignore le seuil des 22 semaines d’aménorrhée autour duquel le deuil périnatal s’organisait jusqu’à maintenant. […] Ce seuil n’existe pas par hasard. Il renvoie à la définition que l’OMS donne à l’enfant viable ».
« En faisant de la sorte fi d’un quelconque délai de gestation, la Cour de cassation ouvre le champ à tous ceux qui rêvent d’une consécration de l’embryon. Et son arrêt est évidemment sujet à récupération »,
poursuit le quotidien.
La Croix note aussi que « la Cour de cassation relance le débat sur le fœtus ».
Le quotidien observe que « se trouve reconnue la souffrance qu’entraîne la perte d’un enfant mort-né », ajoutant que « les juges ne créent pas pour autant un «statut de l’embryon», qui remettrait par exemple en cause le droit à l’avortement ».
De son côté, L’Humanité s’interroge : « L’embryon est-il une personne ? ».
Le journal livre aussi les propos de Maïté Albagly, qui déclare : « Nous sommes consternés par cette décision. C’est une usine à gaz et on s’interroge sur le bruit de fond qu’il y a derrière ».
L’Humanité livre par ailleurs le point de vue de Martin Winckler, qui note qu’« on ne peut nier l’aspiration des parents à faire le deuil ».

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