"Le plaisir féminin, sur ordonnance", mesurable et chiffrable
Brève de la revue de presse médiscoop à partir du journal Le Point numéro 1835
Le Point rappelle que « des molécules stimulant le désir féminin seront bientôt sur le marché ».
Le magazine « lève le voile sur ces futurs médicaments et sur la façon dont ils sont testés ».
Le Point relève ainsi que « parité oblige, les industriels promettent aujourd’hui de libérer les femmes de leurs frustrations sexuelles. […] Conformément aux lois du marketing, le premier traitement sur le marché a toutes les chances de remporter le jackpot ».
L’hebdomadaire indique qu’« à ce jeu, Boehringer Ingelheim aborde la dernière ligne droite en tête. Pas moins de 5 000 femmes ont été enrôlées dans des tests destinés à mesurer l’efficacité de la Flibanserine sur la libido féminine ».
Le Point note ainsi que ce traitement « agit sur une hormone cérébrale, la sérotonine, supposée être impliquée dans les mécanismes du désir », et précise que le laboratoire allemand « espère un lancement au début de 2009 ».
« Mais le délai d’action de la molécule – de 6 à 8 semaines – pourrait décourager les utilisatrices, qui risquent de préférer le PT-141, un aphrodisiaque sous forme de spray nasal à humer lors des préliminaires, […] développé par la firme américaine Palatin Technologies », continue le magazine.
Le Point observe cependant que « les effets secondaires restent pour l’instant la grande inconnue de ces molécules », remarquant que « l’évaluation de ce type de molécules se heurte à un obstacle de taille : la complexité de la sexualité féminine, bien différente de la mécanique des hommes et rarement déconnectée de la dimension émotionnelle ».
Le magazine s’interroge : « Quelles sont les chances de succès de ces nouvelles panacées ? ».
« La dictature de la jouissance qui caractérise notre époque semble leur ouvrir une autoroute », observe Le Point.
L’hebdomadaire constate en outre que « les industriels s’avancent avec une arme massue, un concept médical choc qui a toutes les chances de devenir la nouvelle norme, un standard, celui de «dysfonctionnement sexuel féminin» ».
Les commentaires d'une gynécologue de plus en plus naïve qui veut le meilleur des sexes dans le meilleur des mondes.
Le désir féminin , c'est quoi, ça? Ah, le marché! Mais libérer les femmes de leurs frustrations sexuelles, n'y a-t-il pas une contradiction dans ces termes, quelqu'un d'autre qu'elle-même peut-il libérer une personne de frustrations, d'autant plus de frustrations sexuelles, donc de quelque chose qui ne dépend que du sujet lui-même par définition, du sujet féminin, d'autant plus? Poursuivons, car c'est pour le mieux. Conformément aux lois du marketing, le premier traitement sur le marché a toutes les chances de remporter le jackpot, voilà une explication, les lois du marketing, il faudra relire le Serment d'Hippocrate et le Code de Déontologie, car ces termes et ces buts n'y figurent pas dans le souvenir que j'en ai. Faudrait-il faire la Fac de Sciences Éco avant de s'inscrire en médecine? Quel progrès! C'est vrai que scientifique pour scientifique, au lieu de laisser à la médecine sa nature peu sérieuse, d'art, moitié scientifique, moitié humaniste, faisons-la scientifique et économique et on pourra alors tout mettre en équations, en statistiques, et tout mesurer. Le concours en médecine de 1ère année aura encore l'air plus intelligent et plus sérieux, et on pourra même juger et noter les étudiants au millième de point, ah le calcul infinitésimal, en médecine, c'est beau! Les femmes enrôlées quelle chance, elles seront les premières mais j'espère qu'elles n'ont pas été enrôlées avec les mêmes méthodes que celles que l'armée utilisait ! dans des tests destinés à mesurer et oui, la libido cela se mesure, vous ne le saviez pas? Mais si, bien sûr, ce ne sont que les experts qui savent le faire. Au fait qu'est-ce que c'est l'efficacité sur la libido? On passe aux mécanismes du désir, la femme machine, avec tous ses rouages, comme dans Descartes, comme les fontaines de Versailles, comme les automates, mais le désir, c'est où ça, dans une machine? D'habitude désir, c'est bien quand on veut acheter quelque chose? Mais le délai d’action de la molécule – bof, avec des préliminaires un peu longs, ça peut tenir! de 6 à 8 semaines – pourrait décourager. Ça, jamais si les magazines disent que ça marche, et puis il y a le choix, un aphrodisiaque sous forme de spray nasal à humer lors des préliminaires, c'est bien, dans le contexte actuel de société cela pourrait être tentant, au moins on reviendrait au côté animal basique. C'est de plus prédestiné, car […] développé par la firme américaine Palatin Technologies c'est vrai que l'élégance de la méthode est plutôt romaine que grecque! Le mot clé, évaluation, qui allait manquer se retrouve peu avant la fin pour authentifier le sérieux des expérimentations scientifiques. Mais y aurait-il un nuage dans ce ciel bleu? Voilà qu'on parle de la complexité de la sexualité féminine, la femme ne serait pas "une", elle serait "pas-toute"? Qu'à cela ne tienne, on arrivera bien à unifier tout cela, peut-être avec une goutte de plus de sérotonine et trois cc de moins de GABA ou de mélatonine ? De même pour la dimension émotionnelle . L'AFSSAPS (agence du médicament) et la HAS (Haute autorité de santé) pourront heureusement de plein droit décider que la femme soit non seulement l'égale de l'homme, mais tout de même soyons justes, on est au 21ème siècle, que la femme soit pareille à l'homme! Qu'en pense la population? Faisons un sondage. Tiens, on parle de panacées? Il y en avait déjà et on ne nous le disait pas? La dictature de la jouissance qui caractérise notre époque semble leur ouvrir une autoroute et oui, autoroute à péages concédée aux sociétés privées, les laboratoires, qui bénéficient de la fructification, ce qui leur vaut d'être chargés de son entretien !!! C'est pour ainsi dire d'utilité publique! La réussite est totale, on a même trouvé un nom commun car je ne suis pas sûre que quelqu'un aimerait y attacher son nom propre, qui fait bien maladie, syndrome, dysfonctionnement sexuel féminin. En effet, si on obéit à la règle essentielle de la médecine actuelle, nous l'avons vu, de déontologie économico développementale qui s'énonce : "quand on a un médicament on n'a fait que la moitié du travail de recherche, ensuite il faut trouver la maladie qui va avec", et des fois c'est le plus dur car il y a encore une certaine résistance auprès de certains médecins, pour les pharmaciens, ça passe mieux, alors il fallait la maladie qui aille avec, sinon on aurait eu un "médicament orphelin".
S'il n'y a pas sept morts sur ordonnance, on assiste à une mort certaine, celle du sujet du désir qui est remplacé par la machine à désirer!
Toute ressemblance avec des administrations, des industries ou des situations réelles n'aurait rien d'une coïncidence!
DR Marie-Élisabeth Sanselme-Cardenas
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