Les génériques en question (2)
« L'Etat va baisser les prix des médicaments génériques »
Les Echos indiquent en effet qu’« un accord de principe a été trouvé avec les pharmaciens pour régulariser leurs marges sur les médicaments génériques, tout en les réduisant ».
Le journal observe que « jusqu'à présent, les officines percevaient des revenus confortables sur les médicaments génériques : des remises légales plafonnées à 10,74 %, des marges arrière des fabricants dans la limite de 15 % et tout ou partie des marges correspondant à celles des grossistes (10,3 %), les génériques étant souvent vendus directement aux pharmaciens par les industriels ».
« Mais deux événements ont changé la donne. D'abord, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a considéré que cette marge des grossistes devait désormais être comptabilisée dans le plafond de 15 %. Un plafond qui, lui-même, va être supprimé par le projet de loi Chatel sur la consommation, approuvé la semaine dernière par l'Assemblée nationale », poursuit le quotidien.
Les Echos notent que selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, « l'accord entérine la suppression des marges arrière, mais relève la remise légale (à 17 %) et maintient la possibilité d'intégrer tout ou partie des marges des grossistes ».
« En clair, la rémunération des pharmaciens sur les génériques va être réduite et beaucoup plus administrée que par le passé. […] Et le gouvernement va en profiter pour diminuer de façon ciblée les prix des génériques », continue le journal.
Les Echos relèvent que « les économies pour l'assurance-maladie et les complémentaires santé, liées aux baisses de prix, ne sont pas négligeables : elles devraient être proches de 150 millions d'euros ».
« Schering-Plough sanctionné pour avoir bloqué un générique rival » Les Echos, La Tribune
Les Echos indiquent en effet que « le Conseil de la concurrence estime que le laboratoire américain a entravé la progression de la version générique concurrente de son Subutex, un substitut à l'héroïne prescrit aux toxicomanes ».
Le journal précise que le Conseil de la concurrence « donne ainsi raison à l’australien Arrow Génériques, qui avait saisi l’autorité administrative ».
Le quotidien relève que le Conseil « constate «un taux de pénétration anormalement faible du générique d’Arrow» ».
Les Echos expliquent notamment que « l’affaire démarre fin 2005. […] Pour limiter la perte de revenus prévisible avec l’arrivée de concurrents génériques, la firme [américaine] sort l’artillerie lourde. Elle propose de nombreux avantages aux pharmaciens pour les inciter à constituer des stocks ».
« Parallèlement, Schering-Plough met en place une campagne de «dénigrement du générique, avant même sa commercialisation, auprès des pharmaciens». Le laboratoire fait circuler des informations selon lesquelles le générique est «inefficace», voire dangereux », poursuit le journal.
Les Echos notent qu’« en attendant de se prononcer sur le fond, l’autorité a enjoint au laboratoire américain de publier dans la presse un texte rappelant que le Subutex et ses génériques sont équivalents.
« Novartis entraîné à son tour dans la crise du secteur pharmaceutique » Les Echos, La Tribune, Le Figaro économie, Le Monde
Les Echos notent en effet que « le laboratoire suisse supprime 2 500 postes pour économiser 1,6 milliard de dollars par an ».
Le journal explique que le groupe « traverse un trou d'air plus violent que prévu aux Etats-Unis, où la concurrence des génériques s'ajoute à la méfiance des autorités sanitaires vis-à-vis des nouveaux médicaments ».
Le quotidien relève que « les détails du plan ne sont pas encore connus », mais cite Eric Barraud de Lagerie, délégué CFDT de Novartis, qui indique que « la France sera moins touchée que d’autres pays comme la Suisse, l’Autriche, le Royaume-Uni et l’Allemagne ».
Les Echos observent que « les grands laboratoires voient leur croissance ralentir », et notent que l’industrie pharmaceutique est « contrainte de revoir son modèle économique ».
La Tribune relève également qu’« en panne de modèle, les labos intensifient la chasse aux coûts ».
Le journal observe ainsi qu’« après Pfizer, AstraZeneca, GlaxoSmithKline, Bristol-Myers Squibb et Abbott, Novartis dévoile à son tour un programme d'économies prévoyant la suppression de 2 500 postes ».
Le quotidien se penche en outre sur « la tentation d'un modèle sans usines », notant que « la course en avant vers les biotechs peut être compensée par l'externalisation de la production ».
Le Figaro économie constate aussi que « les laboratoires pharmaceutiques réduisent la voilure », indiquant que « Novartis taille dans ses effectifs pour redécoller ».
« Bruxelles veut relancer la recherche médicale » La Tribune
La Tribune relève en effet que « le Parlement européen a donné son feu vert hier à l'initiative sur les médicaments innovants dans une sorte de partenariat public-privé ».
« Deux milliards d'euros y seront consacrés », précise le journal.
Le quotidien explique que cette initiative « va amener les groupes pharmaceutiques à coopérer de manière concertée avec de petits centres cliniques, des PME et des laboratoires universitaires ».
Nous souhaitons reprendre le problème des génériques avec quelques informations acquises depuis, notamment sur la législation professionnelle de l'industrie du médicament, suite à la considération de la biodisponibilité des principes actifs dans le médicament, qui fait l'articulation avec son effet plus ou moins important.
Nous avons appris entre temps, comme le rapporte la première des brèves, que les pharmaciens avaient, sur la vente des génériques, une marge qui était très confortable, bien au-dessus de la marge sur les médicaments princeps et que de plus ils étaient très sollicités par les laboratoires pour augmenter encore leur marge en achetant de gros stocks.
Nous sommes heureuse de voir que le gouvernement commence à s'intéresser de plus près aux génériques, mais nous ne comprenons pas pourquoi il baisse le prix des génériques alors qu'il ne cherche pas à réguler le prix des médicaments eux-mêmes quand ils sont sortis de leur période de protection. Pourquoi en passer pas les dangers des génériques que nous signalions dans notre précédente intervention? D'autant que la concurrence semble féroce même pour les génériques si on en croit la deuxième et la troisième brèves. Pourquoi ne pas réguler directement le prix des médicaments, pourquoi ne pas les sortir du marché économique standard pour protéger la santé des français? À charge bien sûr en échange pour le gouvernement de financer la recherche médicale pour une grande part et d'aider les laboratoires par des avantages fiscaux ou autres à financer leur part. Est-ce que la dernière brève envisage au plan européen une amélioration des conditions de la recherche de ce genre?
Nous nous sommes donc intéressée à la définition légale des génériques car le problème de la légère variation des effets secondaires que nous avions constatée dans nos consultations nous interpellait. Ce qui fait varier les effets alors même que la quantité de produit actif utilisée est identique, c'est la biodisponibilité, à savoir la plus ou moins grande facilité pour le produit actif d'être réellement actif car disponible, c'est-à-dire séparé de son support et libéré sous une forme elle-même active. C'est donc à ce niveau que les variations rencontrées peuvent s'expliquer mais alors la définition légale du générique n'est pas suivie ou a une "tolérance" de précision responsable de ce que nous observons en clinique.
En réalité la définition est déjà complexe et floue par les extensions qu'on lui donne. Voilà la définition légale dans la mise à jour n0 1 de La législation professionnelle de l'industrie du médicament de janvier-février 2007 (Livre 1er, titre II, chapitre I sur Les dipositions générales) :
"On entend par:
spécialité générique d'une spécialité de référence, celle qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est démontrée par des études de biodisponibilité appropriées. (...) Les différentes formes pharmaceutiques orales à libération immédiate sont considérées comme une seule forme pharmaceutique. De même, les différents sels, esters, éthers, isomères, mélanges d'isomères, complexes ou dérivés d'un principe actif sont regardés comme ayant la même composition qualitative en principe actif, sauf s'ils présentent des propriétés sensiblement différentes au regard de la sécurité ou de l'efficacité. Dans ce cas, des informations supplémentaires fournissant la preuve de la sécurité et de l'efficacité des différents sels, esters ou dérivés d'une substance active autorisée doivent être données par le demandeur de l'autorisation sur le marché;
(...) groupe générique, le regroupement d'une spécialité de référence et des spécialités qui en sont génériques. (...) En l'absence de spécialité de référence, un groupe générique peut être constitué de spécialités ayant la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique et dont les caractéristiques en termes de sécurité et d'efficacité sont équivalentes;"
C'est donc dans ce vague et dans ces assimilations que se glisse la différence des effets observés. Chacun croît pourtant que le générique est la copie conforme du produit princeps!
Enfin, laissons de côté le danger potentiel des génériques que nous avons mis en évidence la dernière fois, et attachons-nous à une forme d'éthique. Pour un laboratoire qui a trouvé une molécule bienfaisante et qui en est fier, quand le temps de protection est fini, la seule manière de garder sa place dans la concurrence est de faire lui-aussi un générique de son propre produit! N'est-ce pas une façon de renier ce qu'on a fait ou de faire passer l'intérêt financier avant la reconnaissance de l'efficacité et du bienfait du médicament?
Mais peut-être toutes ces considérations n'ont-elles cours que dans un monde idéal!
Les génériques en question (rappel du premier commentaire)
« Les industriels font des propositions pour élargir le marché des génériques »La Tribune, Les Échos
Les Échos notent dans un article que « le marché des médicaments génériques continue à progresser rapidement en France, mais les industriels veulent s’assurer qu’il croîtra au même rythme à l’avenir ».
Le journal observe ainsi qu’« au cours des 12 derniers mois, le marché a bondi de 21 %, de 6 à 7 fois plus vite que le marché pharmaceutique dans son ensemble ».
Le quotidien remarque néanmoins : « Malgré cette progression, les génériques ne représentent que 9 % des ventes de médicaments en France. Et la hausse risque de ralentir parce que la substitution par les pharmaciens, déjà très élevée, ne pourra pas augmenter beaucoup plus».
Les Échos relèvent que « les fabricants de génériques font donc des propositions », indiquant que le Gemme, qui défend leurs intérêts, « propose d’élargir le répertoire de produits qui peuvent être copiés ».
« Le Gemme veut aussi lutter contre la prescription hors répertoire », poursuit le journal, qui explique que « lorsqu’un médicament perd la protection de son brevet, les médecins ont tendance à moins le prescrire, notamment parce que la molécule n’est plus promue par les visiteurs médicaux ».
Les médecins « reportent leurs prescriptions sur d’autres produits de la même classe thérapeutique, toujours protégés par des brevets », continue le quotidien.
Les Échos indiquent que « le Gemme propose la création d’un indice qui permettrait de mesurer le niveau de ces prescriptions hors répertoire dans chaque région ou département, voire pour chaque médecin. [.. ] Reste à faire accepter cette mesure par les médecins prescripteurs, ce qui est loin d’être évident ».
La Tribune remarque de son côté que « les génériqueurs jouent les vertueux » et « proposent des mesures de nature à faire économiser 300 millions d’euros à la sécu d’ici à 2010 ». (Étude du Gemme disponible sur le site des Échos)
Voilà bien révélé le but réel des génériques ou le détournement habile de ce but par les laboratoires sachant profiter des occasions offertes! Le but était de rendre moins chères certaines molécules pour diminuer les frais médicamenteux donc c'était une "régulation détournée" du prix des médicaments.
Détournée, peu importe encore qu'à l'heure de la transparence il est sûrement mieux d'avoir le courage et la fierté de dire que la France a choisi de mettre en quelque sorte la santé de ses habitants, grâce notamment à l'accès facile aux médicaments, hors du marché économique, et de soutenir cet engagement.
Mais tournée vers le danger, ça c'est grave. D'abord pour les personnes âgées qui sont les principales consommatrices de médicaments et qui ne s'y retrouvent plus dans leurs traitements. Danger car la couleur et la forme des comprimés est un repère essentiel pour ces personnes et que prendre par erreur, erreur due à une ressemblance du médicament qu'on leur a changé sans même s'assurer qu'elles ont compris, en disant tout simplement "je vous ai mis le générique!" ou sans même le leur dire parfois, trois comprimés d'antidiabétique oral au lieu d'un (exemple rapporté par une de mes patientes infirmière lors de sa dernière tournée de visites), cela peut conduire à un coma hypoglycémique, fatal ? est-ce vraiment par ce biais qu'on cherche l'économie?
Danger parce que je défie les médecins de connaître le nom des différents génériques qui existent ne serait-ce que dans leur spécialité, c'est flagrant avec les pilules contraceptives, jusqu'à dix génériques soit dix noms différents pour ce qui est censé être le même produit actif et qui donc ne savent plus ce que leurs patients prennent, imaginons ce qu'il en est des patients eux-mêmes à l'heure de l'automédication prônée!
Danger car les excipients peuvent être différents et devant la montée des cas d'allergies et de leur gravité, multiplier les risques en ne connaissant pas les compositions des substituants, c'est augmenter le danger pour raison économique!
Enfin, je pose la question de savoir si les dosages sont aussi bien respectés dans les génériques que dans les produits princeps car parfois des métrorragies (saignements en dehors des règles) qui n'existaient pas avec le premier produit montrent que le dosage d'oestrogènes du générique est peut-être légèrement en dessous et dans d'autres cas tout aussi fréquents, les mastodynies (tension et douleur des seins) montrent que le dosage est légèrement plus fort. Peut-on respecter les contraintes de la fabrication aussi rigoureusement avec un produit qui revient moins cher qu'avec un produit qui revient plus cher et si oui, pourquoi, une fois le temps du brevet passé, ne fixe-ton pas un prix maximum de la spécialité, ce qui éviterait de donner le rôle de régulation des prix aux génériques avec les lourds inconvénients que nous venons de voir et montrerait le soutien et la volonté de laisser le médicament "hors cours du marché"?
Marie-Elisabeth SANSELME-CARDENAS
Pour info, mais à reprendre en profondeur
« Délinquants sexuels : l’hôpital pilote » L'Express numéro 2945
L'Express publie un reportage réalisé à l’institut Philippe-Pinel, au Québec, « un centre spécialisé [qui] soigne des violeurs et des pédophiles en cours de détention ».
« Groupes de parole, recours à la réalité virtuelle… Les thérapeutes y testent des méthodes dont pourrait s’inspirer le futur dispositif français », observe l’hebdomadaire.
Le magazine remarque d’ailleurs que « les psychiatres français chargés de proposer un suivi pour ce type de délinquants comptent s’inspirer » de cet établissement psychiatrique sécuritaire, qui n’est « plus vraiment l’hôpital, ni vraiment la prison ».
L'Express explique notamment que « loin des partis pris idéologiques, les spécialistes de l’institut Pinel préfèrent combiner des méthodes moins radicales [que la castration chimique ou l’enfermement à vie] : la thérapie comportementale, la psychothérapie, les médicaments agissant sur la libido, les groupes de parole et même, comme à l’école, des… cours d’éducation sexuelle ».
Le magazine relève qu’avec un tel suivi, « le taux de récidive dans un délai de 5 ans s’établit à 12 %, contre 17 % en l’absence de soin ».
L'Express ajoute que « l’équipe doit batailler pour maintenir le financement de son programme. Le coût moyen d’un patient s’élève en effet à 120 000 euros par an, contre 55 000 euros pour le détenu d’un pénitencier fédéral ».
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