jeudi 25 octobre 2007

Les génériques en question

Voilà bien révélé le but réel des génériques ou le détournement habile de ce but par les laboratoires sachant profiter des occasions offertes! Le but était de rendre moins chères certaines molécules pour diminuer les frais médicamenteux donc c'était une "régulation détournée" du prix des médicaments.

Détournée, peu importe encore qu'à l'heure de la transparence il est sûrement mieux d'avoir le courage et la fierté de dire que la France a choisi de mettre en quelque sorte la santé de ses habitants, grâce notamment à l'accès facile aux médicaments, hors du marché économique, et de soutenir cet engagement.

Mais tournée vers le danger, ça c'est grave. D'abord pour les personnes âgées qui sont les principales consommatrices de médicaments et qui ne s'y retrouvent plus dans leurs traitements. Danger car la couleur et la forme des comprimés est un repère essentiel pour ces personnes et que prendre par erreur, erreur due à une ressemblance du médicament qu'on leur a changé sans même s'assurer qu'elles ont compris, en disant tout simplement "je vous ai mis le générique!" ou sans même le leur dire parfois, trois comprimés d'antidiabétique oral au lieu d'un (exemple rapporté par une de mes patientes infirmière lors de sa dernière tournée de visites), cela peut conduire à un coma hypoglycémique, fatal ? est-ce vraiment par ce biais qu'on cherche l'économie?

Danger parce que je défie les médecins de connaître le nom des différents génériques qui existent ne serait-ce que dans leur spécialité, c'est flagrant avec les pilules contraceptives, jusqu'à dix génériques soit dix noms différents pour ce qui est censé être le même produit actif et qui donc ne savent plus ce que leurs patients prennent, imaginons ce qu'il en est des patients eux-mêmes à l'heure de l'automédication prônée!

Danger car les excipients peuvent être différents et devant la montée des cas d'allergies et de leur gravité, multiplier les risques en ne connaissant pas les compositions des substituants, c'est augmenter le danger pour raison économique!

Enfin, je pose la question de savoir si les dosages sont aussi bien respectés dans les génériques que dans les produits princeps car parfois des métrorragies (saignements en dehors des règles) qui n'existaient pas avec le premier produit montrent que le dosage d'oestrogènes du générique est peut-être légèrement en dessous et dans d'autres cas tout aussi fréquents, les mastodynies (tension et douleur des seins) montrent que le dosage est légèrement plus fort. Peut-on respecter les contraintes de la fabrication aussi rigoureusement avec un produit qui revient moins cher qu'avec un produit qui revient plus cher et si oui, pourquoi, une fois le temps du brevet passé, ne fixe-ton pas un prix maximum de la spécialité, ce qui éviterait de donner le rôle de régulation des prix aux génériques avec les lourds inconvénients que nous venons de voir et montrerait le soutien et la volonté de laisser le médicament "hors cours du marché"?

« Les industriels font des propositions pour élargir le marché des génériques »
La Tribune, Les Échos
Les Échos notent dans un article que « le marché des médicaments génériques continue à progresser rapidement en France, mais les industriels veulent s’assurer qu’il croîtra au même rythme à l’avenir ».
Le journal observe ainsi qu’« au cours des 12 derniers mois, le marché a bondi de 21 %, de 6 à 7 fois plus vite que le marché pharmaceutique dans son ensemble ».
Le quotidien remarque néanmoins : « Malgré cette progression, les génériques ne représentent que 9 % des ventes de médicaments en France. Et la hausse risque de ralentir parce que la substitution par les pharmaciens, déjà très élevée, ne pourra pas augmenter beaucoup plus».
Les Échos relèvent que « les fabricants de génériques font donc des propositions », indiquant que le Gemme, qui défend leurs intérêts, « propose d’élargir le répertoire de produits qui peuvent être copiés ».
« Le Gemme veut aussi lutter contre la prescription hors répertoire »,
poursuit le journal, qui explique que « lorsqu’un médicament perd la protection de son brevet, les médecins ont tendance à moins le prescrire, notamment parce que la molécule n’est plus promue par les visiteurs médicaux ».
Les médecins « reportent leurs prescriptions sur d’autres produits de la même classe thérapeutique, toujours protégés par des brevets », continue le quotidien.
Les Échos indiquent que « le Gemme propose la création d’un indice qui permettrait de mesurer le niveau de ces prescriptions hors répertoire dans chaque région ou département, voire pour chaque médecin. [.. ] Reste à faire accepter cette mesure par les médecins prescripteurs, ce qui est loin d’être évident ».
La Tribune remarque de son côté que « les génériqueurs jouent les vertueux » et « proposent des mesures de nature à faire économiser 300 millions d’euros à la sécu d’ici à 2010 ». (Étude du Gemme disponible sur le site des Échos)

Marie-Elisabeth SANSELME-CARDENAS

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