lundi 7 janvier 2008

Le plan Alzheimer

Présentation des Brèves de médiscoop
À la demande du Docteur Sophie Bialek qui m'en a soufflé l'idée, je vous présente la rubrique "commentaires des brèves de médiscoop" que vous avez pu voir sur le site du forum depuis deux semaines. Médiscoop est une revue de presse professionnelle envoyée à plus de 88000 abonnés. Ces brèves balayent l'actualité essentiellement dans les domaines médical, psychologique, éducatif, social et de la recherche scientifique.

J'en commente avec honnêteté, sous un regard critique autant que je le peux mais sans cynisme, et avec autant que je le pourrai une bonne assise de mes informations, les brèves que je sélectionne en fonction d'un intérêt plus immédiat avec nos préoccupations ou pour leur caractère d'intérêt général.

Dorénavant, et dans la plupart des cas, toujours sur les conseils astucieux de notre collègue, la brève entre guillemets et en grande partie en italique, précèdera le commentaire qui sera en gras.

J'espère vous donner des informations utiles et capables de solliciter des discussions et débats pleins d'intérêt.

Docteur Marie-Élisabeth SANSELME-CARDENAS,
novembre 2007

ALZHEIMER

La somme d’articles consacrés à cette maladie neurodégénérative, m’a incitée à regrouper les brèves à propos des articles parus dans les journaux les deux ou trois dernières semaines afin que ceux que cela intéresse, puissent se faire une idée avant la parution des principales mesures du plan Alzheimer qui devraient être connues dans la deuxième quinzaine de janvier.

(1) « Contre Alzheimer, prenez soin de vos oreilles »
Le Parisien

Le Parisien note que « dans une étude menée sur 319 patients qui vient d’être publiée dans la Revue de gériatrie, des chercheurs français, réunis dans le Groupe de recherche Alzheimer presbyacousie, démontrent qu’il existe un lien sans conteste entre la perte de l’ouïe et cette pathologie ».
Le journal cite ainsi un responsable du Grap, Laurent Vergnon, qui remarque que « 72 % des malades d’Alzheimer sont sourds ».
« Nous avons constaté que le nombre de malentendants chez les malades d’Alzheimer est 2,5 fois plus important que chez les autres personnes du même âge »,
poursuit le responsable.
Le quotidien note que « les scientifiques ne peuvent pas encore dire si c’est la maladie qui cause la surdité ou l’inverse », mais « pour [eux], il y a une interaction entre les problèmes d’ouïe et les maladies neurodégénératives ».
Le Parisien ajoute que « très intéressé par l’enquête du Grap, le CNRS a demandé aux experts de la poursuivre ».
Laurent Vergnon précise que « lorsqu’on est sourd, la zone du cerveau concernée ne travaille plus. C’est la raison pour laquelle tout le monde devrait s’appareiller dès les premiers signes de perte de l’audition ».
Le journal relève que « si l’hypothèse des chercheurs se confirme, les prothèses auditives pourraient entrer dans l’arsenal thérapeutique contre la maladie ».

(2) Alzheimer : quand le conjoint « ne sait plus quoi faire »
Libération

Libération se penche sur la situation d’un capitaine à la retraite de 80 ans, dont la femme est atteinte d’Alzheimer.
Le journal précise que cette dernière « est cardiaque, et porte depuis longtemps un pacemaker. […] Et, tous les dix ans, il faut changer la pile de l’appareil, autrement à tout moment celui-ci peut s’arrêter ».
Le quotidien observe : « C’est une femme fière. Souvent, elle a répété à son mari que si elle perdait la tête elle ne voulait plus vivre. Et voilà que la tête, elle la perd ».
Libération note que le mari « est épuisé, mais jusqu’à présent tous les deux ont réussi à donner le change. […] Aujourd’hui, le capitaine à la retraite ne sait plus quoi faire. Il est inquiet. Il le dit, bientôt il ne pourra plus assurer et faire semblant que la vie reste possible ».
Le journal indique que « la dernière fois que le capitaine est allé voir la gériatre, une idée lui est passée par la tête. Et s’il ne changeait pas la pile du pacemaker ? Cela fait dix ans maintenant ».
Le quotidien cite l’homme, qui déclare notamment : « Peut-être de ne pas lui remettre une pile, ce serait une façon de respecter la volonté de ma femme, celle de ne pas vivre de façon indigne ».
Libération constate que « la gériatre est perplexe. Que faire ? Aujourd’hui, la vieille dame ne manifeste aucune volonté d’en finir. Que faut-il respecter ? La volonté d’hier ou celle d’aujourd’hui ? »,s’interroge le journal.

(3) « De grandes inégalités régionales face à la maladie d’Alzheimer »
La Croix

La Croix rend compte d’une enquête de la Fondation Médéric-Alzhiemer.
Le journal rappelle que cette fondation « procède à un recensement annuel de tous les dispositifs de prise en charge et d’accompagnement destinés aux malades [d’Alzheimer] et à leurs aidants familiaux ».
Le quotidien observe que « l’enquête 2007 montre que les inégalités territoriales restent fortes en France, notamment pour les consultations-mémoire ou les accueils de jour ».
La Croix publie ainsi deux cartes de France illustrant ces derniers points, notant que « pour espérer avoir une place dans un accueil de jour, il vaut mieux, par exemple, vivre en Mayenne ou dans la Somme que dans le Lot-et-Garonne ou dans l’Ain ».
Le journal ajoute que « l’enquête permet de tordre le cou à cette idée, largement diffusée par certains responsables associatifs ou médicaux, que «rien n’est fait aujourd’hui pour la maladie d’Alzheimer» ».
Le quotidien indique en effet que « même si les besoins restent considérables, l’étude montre que des «avancées significatives» se sont produites depuis 2003 ».
« Cette année, on recense par exemple 353 consultations-mémoire labellisées contre 217 en 2003 »,
note La Croix.
Le journal ajoute que « le nombre de places d’accueil de jour a été multiplié par 3 », avec 5 297 places, « une avancée non négligeable même si les objectifs du plan gouvernemental Alzheimer sont loin d’être atteints ».
La Croix rappelle notamment que « ce plan prévoyait la création de 13 000 places supplémentaires d’accueil de jour et en hébergement temporaire pour fin 2007 ».

(4) « Alzheimer, la publicité qui dérange »
60 Millions de consommateurs décembre 2007

60 Millions de consommateurs remarque qu’« envoyée à des dizaines de milliers de personnes, une publicité pour un livre sur la maladie d'Alzheimer laisse entendre qu'il existe des moyens pour s'en prémunir ».
« Les scientifiques sont beaucoup plus réservés »
, observe le magazine.
60 Millions de consommateurs aborde le thème de cette publicité (« On nous cache tout, on nous dit rien »), expliquant que cette réclame vient d’une « société spécialisée dans la vente à distance ».
Le magazine cite la publicité en question, selon laquelle « à l'heure actuelle, nous ne savons pas exactement ce qui déclenche cette maladie, du moins "officiellement" ».
60 Millions de consommateurs poursuit : « La faute, on s'en doute, aux lobbies financiers, qui n'ont pas intérêt à voir nos habitudes de consommation changer, même si celles-ci présentent des risques pour notre santé. Les ondes électromagnétiques, par exemple, qui auraient des conséquences graves, parmi lesquelles la maladie d’Alzheimer. Bigre ».
Le magazine cite notamment Jacques Epelbaum, directeur de recherche au centre Inserm de l'hôpital Sainte-Anne en psychiatrie et neuroscience, et membre du conseil scientifique de l'association France Alzheimer.
Le spécialiste rappelle que « dans l'immense majorité des cas, on ignore pourquoi se déclenche la maladie. Je ne vois pas comment on pourrait envisager de la prévenir ».
60 Millions de consommateurs précise : « Certes, les scientifiques sont de plus en plus nombreux à soupçonner l'hypertension ou le diabète comme facteurs de risque. Et un consensus semble se dégager sur les vertus protectrices de l'activité physique ou intellectuelle et d'une alimentation équilibrée. Mais on ne sait pas grand-chose de plus ».
Le magazine retient que « liberté d'expression oblige, rien n'interdit à [l’auteur] de publier son livre. En revanche, la publicité peut être interdite dès lors que ses allégations ne sont pas prouvées ».

(5) « Les associations s'inquiètent du retard du plan Alzheimer »
Les Echos, L’Humanité

Les Echos font savoir que « l’Union nationale des Associations France Alzheimer se disent «inquiètes et déçues» du retard pris dans la présentation du plan 2008-2012 de lutte contre la maladie d’Alzheimer ».
Le journal rappelle que Nicolas Sarkozy avait « annoncé une consultation des professionnels et la présentation du financement du plan avant la fin de 2007, pour une mise en œuvre «dès le 1 er janvier 2008» ».
« Or la concertation n’a pas encore eu lieu »,
poursuit le quotidien.

(6) Plan Alzheimer : les principales mesures annoncées « lors de le seconde quinzaine de janvier »
Les Echos

Les Echos remarquent en bref que « suite aux critiques des associations sur les retards du plan Alzheimer, l’Elysée a indiqué hier que les principales mesures seraient annoncées «lors de la seconde quinzaine de janvier» ».
Le journal cite ce communiqué, qui précise qu’« une personnalité sera chargée prochainement d’animer et de coordonner la mise en œuvre » du plan.

Les numéros entre parenthèses figurant dans le commentaire ci-dessous correspondent aux numéros des brèves qui précèdent.

Si on pouvait avoir davantage confiance dans l’honnêteté intellectuelle du monde de la recherche , on pourrait davantage tenir compte par anticipation des hypothèses formulées mais le soupçon sur le pur intérêt économique seul, fait douter de principe sur les hypothèses même les plus pertinentes.(1)

Les maladies neurodégénératives posent de manière encore plus aigue les problèmes éthiques de la fin de vie et de l’accompagnement des familles rendu possible ou pas par la société que nous décidons d’avoir. Une chose est de prolonger artificiellement la vie par des moyens invasifs et coûteux d’autant plus à un âge avancé, une autre est de profiter des avancées de la science sans acharnement mais sans nécessité non plus d’en finir avec les siens à date fixe. Le problème de la fin de vie est que l’euthanasie passive dans les situations extrêmes, qui est d’application quotidienne partout et depuis toujours, qui est un des problèmes douloureux certes mais de chaque jour des médecins et des personnels soignants, est souvent confondue avec celui de l’euthanasie active, dont l’esprit est différent, et qui s’est développé devant l’inadaptation progressive de la société à considérer les différentes phases de la vie pour ne donner de l’intérêt qu’aux périodes d’efficacité, sous-entendue économique, des êtres humains. Chacun a-t-il sa place ou bien les handicapés, les faibles et les vieux empêchent-ils les autres d’avancer mais vers quoi? Par ailleurs, pendant que des milliers d’enfants et d’adolescents dans le monde meurent de maladies infectieuses facilement guérissables faut-il mettre tant d’argent et d’énergie pour prolonger la vie qui par définition est finie ? Bien sûr ceci est un tableau réducteur de la réflexion que notre société doit mener à ce sujet, mais cela permet de commencer un débat, qu’il faudra bien avoir, devant les possibilités nouvelles et qui paraissent sans limites qu’offre la science mais devant la nature finie de l’essence éternelle de l’Homme. (2)

Aider les familles qui font ce qu’elles peuvent mais qui n’en peuvent plus est une urgence éthique. Que le soin aux plus jeunes devienne même insuffisant dans les familles, par le temps que prend le soin aux personnes âgées malades n’est pas admissible pour la solidarité nationale et des structures et des aides adaptées et personnalisées selon les possibilités et les souhaits des familles de participer doivent être envisagées et réalisées au plus vite. (3)

L’Alzheimer peut servir d’exemple de maladies pour lesquelles on peut penser que l’argent débloqué pour l’aide aux familles est, à court terme, plus utile que celui placé dans la recherche. En effet l’argent est limité, le présent de ces familles est une souffrance réelle quotidienne, la maladie concerne surtout des personnes âgées voire très âgées (sauf ceux que l’on pourrait peut-être considérer comme de « vrais » Alzheimer) et enfin la recherche fondamentale dans ce domaine n’est pas une urgence thérapeutique, même si la recherche fondamentale est essentielle car elle apporte souvent comme fruit ce qu’elle ne cherchait pas à l’origine, et que, par là, elle montre la liberté qu’il faut lui laisser.

Enfin que mens sana soit plus facile à obtenir in corpore sano, cela n’est pas pour nous étonner et qu’à son tour corpus sanum soit plus facile à obtenir avec de l’exercice physique et une alimentation équilibrée n’est pas non plus une idée nouvelle ni difficile à admettre. C’est ce qu’on dit quand on ignore les causes, mais il est certain que se pose pour beaucoup de maladies actuelles et devant l’augmentation de leur fréquence, le problème de l’environnement. (4)

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