mercredi 23 janvier 2008

L'industrie du médicament

Un pas en avant (les sept premières brèves), deux pas en arrière (les autres brèves et l'article) ! À lire avant le colloque sur la dépression et le monde des laboratoires pharmaceutiques, (pas joli).

Par le Dr Marie-Elisabeth Sanselme-Cardenas

Peut-être toute cette alerte et cette contre campagne ont-elles porté leurs fruits et les médias et la population commencent-elles à s'interroger, c'est un premier pas. Il faut poursuivre et s'informer sur les dessous des médicaments sans les rejeter bien sûr, nous qui sommes du bon côté de la planète pour en bénéficier mais justement, il serait plus juste de les répartir à bon escient sur la planète plutôt que de laisser d'un côté les malades du manque de thérapeutique et de l'autre ceux de son excès.

1-« La dérive du marché des médicaments psychotropes » L’Humanité

L’Humanité remarque que « la revue Prescrire, lors de la remise de la pilule d’or hier, a organisé un débat sur la surconsommation des psychotropes en France et le rôle joué par les laboratoires ».
Le journal indique ainsi : « Le diagnostic est brutal. Pendant 5 ans, Prescrire a analysé les médicaments psychotropes nouvellement mis sur le marché. Conclusion : aucun progrès thérapeutique n’a été réalisé pour la prise en charge des maladies psychiques ».
L’Humanité rappelle en outre que « la France est le champion du monde de la consommation d’antidépresseurs, neuroleptiques et autres psychostimulants ».
Le quotidien note que lors de ce débat, « des psychiatres et des pharmacologues se sont penchés sur «le marché des médicaments psychotropes : la dérive» ».
L’Humanité relève notamment que « ceux qui en auraient le plus besoin ne bénéficient pas de médicaments vraiment innovants et les autres sont surmédicalisés, avec des conséquences pas anodines pour leur santé ».
Le journal ajoute que « l’exemple des antidépresseurs est frappant : les laboratoires opèrent un glissement de leurs indications vers des troubles anxieux, le stress post-traumatique et même le traitement de la boulimie ».
Le quotidien aborde les effets secondaires de ces nouvelles molécules, « éléments presque systémiquement passés sous silence par les laboratoires ».
L’Humanité note enfin dans un encadré que la pilule d’or de Prescrire pour 2007 a été attribuée au Carbaglu ®, prescrit chez « les enfants atteints d’un trouble rare et mortel du cycle de l’urée ».
« Au tableau d’honneur, on trouve également le Glivec ®, dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique, et le Herceptin ®, dans le traitement adjuvant de certains cancers du sein »,
poursuit le journal.

2- Le pouvoir des antidépresseurs remis en cause » Le Figaro

Catherine Petitnicolas note dans Le Figaro que « l'efficacité des nouveaux antidépresseurs mis sur le marché depuis le milieu des années 1980, avec pour chef de file la fluoxétine (alias Prozac ®), est mise en doute par des experts américains de la FDA ».
La journaliste indique en effet qu’« une étude du New England Journal of Medicine démontre que des publications ont exagéré l'efficacité de ces médicaments parés de toutes les vertus par les laboratoires, les médecins et même les malades ».
Catherine Petitnicolas livre les résultats « révélateurs » de cette étude, menée par le Dr Erick Turner, psychiatre et pharmacologue (université de l'Oregon, Etats-Unis), sur « 12 nouveaux antidépresseurs très largement prescrits entre 1981 et 2004 ».
La journaliste observe que « 94 % des médicaments testés avaient des effets positifs. Mais, pour la FDA, juge beaucoup plus sourcilleux, seule la moitié des études soumises à sa sagacité était dans ce cas ».
« Dans l'autre moitié, les médicaments n'avaient pas l'effet escompté. De surcroît, si toutes les études positives, sauf une, ont donné lieu à publication dans la littérature scientifique, celles qui étaient négatives (33 sur 36 ayant enrôlé 5 212 patients) sont restées dans les tiroirs de la FDA. Ou, pis, elles ont été «maquillées» pour leur donner un aspect positif, contraire au verdict de la FDA »
, poursuit Catherine Petitnicolas.
La journaliste cite le Dr Turner, qui remarque que « des publications sélectives peuvent conduire les médecins et les patients à croire que ces médicaments sont plus efficaces qu'ils ne le sont vraiment, un résultat susceptible d'influencer les prescriptions ».
Le spécialiste ajoute : « Nous ne savons pas si ces erreurs d'interprétation résultent d'une faute des auteurs ou des sponsors qui ont soumis leur manuscrit, ou d'une décision des éditeurs de ne pas publier certaines études, voire de ces deux parties. Mais une chose est sûre, les médecins prescripteurs et les personnes traitées, les premières concernées, devraient avoir accès à des expertises complètes et non maquillées ».
Catherine Petitnicolas relève que « cette étude apporte de nouveaux arguments aux experts qui dénoncent la dérive du marché des psychotropes, incriminant la logique marchande des firmes ».

3-« Et l’hormone devint l’avenir de l’homme » Libération
Libération donne un cours d’histoire à ses lecteurs en revenant sur la naissance de l’endocrinologie.
Le journal aborde notamment la découverte du physiologiste Charles Brown-Séquard qui, en 1889, à l’age de 72 ans, « rapporte devant ses collègues parisiens de la Société de biologie avoir retrouvé, outre sa vigueur physique, «d’autres forces, qui n’étaient pas perdues mais qui étaient diminuées», après s’être injecté des extraits de testicule de chiens ».
Le quotidien poursuit : « Dès 1901, on isole des glandes surrénales l’adrénaline, qui provoque le stress. En 1905, le Britannique Ernest Starling crée le terme «hormone» pour désigner ces «substances actives» capables d’agir à distance sur d’autres organes ».
Libération ajoute que « le plus spectaculaire survient en 1922, lorsqu’un groupe de chercheurs canadiens isole l’insuline et démontre qu’elle soigne le diabète, qui causait jusque-là la mort en quelques mois ».
Le journal note qu’alors, certains pensent que les hormones pourront « améliorer l’espèce humaine », et que « les modifications induites par [ces dernières] deviendront héréditaires ».
« Une idée que l’on sait aujourd’hui fausse. Tout comme on sait que les testicules ne stockent que très peu de testostérone, et que Brown-Séquard n’a sans doute dû qu’à l’autosuggestion de retrouver l’ardeur de ses vertes années »,
conclut Libération.

4-« Médicaments contre le cholestérol : Merck & Co et Schering-Plough sous le feu des critiques » Les Echos
Les Echos font savoir qu’aux Etats-Unis, « Vytorin ® et Zetia ®, deux des médicaments contre le cholestérol les plus lucratifs du marché, sont depuis quelques semaines sous le feu des critiques ».
Le journal note que la semaine dernière, « des avocats de Seattle ont lancé une procédure judiciaire collective contre leurs fabricants. […] Le cabinet les accuse d’avoir trompé les patients en revendiquant certains bienfaits de ces molécules, alors qu’elles n’étaient en réalité «pas plus efficaces» qu’un produit plus ancien, disponible en version générique ».
Le quotidien ajoute que « le mois dernier, une commission du Congrès américain a lancé une enquête sur les deux laboratoires. Elle les soupçonne d’avoir retardé la publication de résultats d’essais cliniques qui démontraient que Vytorin ® n’était pas plus efficace que le générique pour réduire un risque cardio-vasculaire, la progression de l’athérosclérose ».
« Les deux groupes pharmaceutiques assurent qu’ils n’ont rien fait pour retarder la publication »
, poursuit le journal.
Les Echos observent qu’« outre les risques judiciaires, les investisseurs craignent que les médecins ne réduisent leurs prescriptions ».
Le journal cite ainsi un membre du conseil de « l’influent » American College of Cardiology, Steven Nissen, qui a déclaré qu’« en l’absence de toute preuve de bénéficie clinique, ces médicaments devraient désormais être utilisés en dernier recours ».

5-« Les labos surestiment l’efficacité de leurs médicaments » Courrier International numéro 896
Courrier International traduit un article de The Independent, selon lequel « les laboratoires pharmaceutiques exagèrent l’efficacité de leurs produits et, dans la mesure où les résultats des expériences effectuées par les laboratoires animaliers qu’ils financent sont faussés, ils pourraient exposer les patients à des risques accrus ». Le quotidien britannique relaie ainsi une affirmation de l’Association britannique pour l’avancement de la science, « fruit d’une étude qui a examiné 300 tests réalisés sur des animaux pour valider 6 médicaments expérimentaux » destinés aux victimes d’accidents vasculaires cérébraux.
The Independent indique qu’« environ les deux tiers des études considérées […] n’étaient pas fondées sur la méthode classique de l’essai en aveugle ».
Le journal cite le neurologue Malcolm Macleod, du Stirling Royal Infirmary, qui a dirigé l’étude de l’association, pour qui « la plupart des expérimentations animales visant à tester l’efficacité des médicaments pâtissent de contrôles de faible qualité, qui aboutissent à des évaluations subjectives et faussent les résultats en faisant paraître les médicaments plus puissants qu’il ne sont en réalité ».
Le spécialiste déclare que « ces vices de procédure se retrouvent dans d’autres domaines scientifiques. En tant que chercheurs, nous devons améliorer nos méthodes d’expérimentation sur les animaux si nous voulons conserver la confiance de la population ».
The Independent
cite en outre Michael Bracken, un épidémiologiste de l’université Yale, qui remarque que « la non-observation de méthodes scientifiques sophistiquées fait que de nombreuses questions sur la valeur de la recherche animale restent sans réponse et mettent en danger les patients, mais aussi les volontaires pour des essais cliniques qui pourraient être fondés sur des expériences animales manquant de rigueur ».

6-« Les nouveaux médicaments plus rares sur le marché » Les Echos
Les Echos remarquent que « l'année 2007 restera noire pour l'industrie pharmaceutique ».
Le journal observe en effet que « les autorités sanitaires américaines n'ont donné leur feu vert qu'à 19 nouveaux médicaments l'an dernier, le chiffre le plus bas depuis 1983 ».
« Un score qui tient notamment au fait que la FDA a rejeté les dossiers de plusieurs médicaments au potentiel commercial élevé, estimant que les risques qu'ils représentaient pour les patients étaient supérieurs aux bénéfices attendus », relève le quotidien.
Les Echos citent Claude Le Pen, professeur d'économie de la santé à l'université Paris-Dauphine, qui remarque que « certains de ces dossiers seraient passés sans aucun problème il y a dix ou vingt ans ».
Le journal note que « l’industrie est face à un dilemme : elle dépense de plus en plus d'argent afin de développer de nouveaux produits - environ 60 milliards d'euros par an, soit deux fois plus qu'il y a dix ans - pour un résultat de plus en plus médiocre ».
Le quotidien continue : « Si l'on tient compte des échecs, les coûts de R&D atteignent en moyenne 900 millions de dollars par molécule, selon une étude de l'université américaine Tufts, soit trois fois plus qu'en 1990. Est-ce à dire que l'innovation est en panne ? Pas forcément ».
Philippe Guy, directeur associé au Boston Consulting Group, explique ainsi que « les médicaments refusés par la FDA appartiennent souvent à des classes thérapeutiques nouvelles. Leurs mécanismes d'action sont moins connus, ce qui suscite la méfiance face à d'éventuels effets indésirables ».
Les Echos précisent en outre que « si l'on compare la période actuelle (2003-2005) à celle qui précède (1998-2002), le nombre de molécules qui entrent en phase de développement clinique a d'ores et déjà progressé de plus de moitié, ce qui laisse espérer, à plus long terme, l'arrivée d'une nouvelle génération de médicaments sur le marché ».

7-« Médicaments : plus de pub et moins de recherche » Le Figaro économie
Le Figaro économie observe en effet qu’« en 2004, les grands laboratoires pharmaceutiques américains ont dépensé 60 milliards de dollars pour la promotion de leurs produits ».
Le quotidien aborde ainsi une étude de Marc-André Gagnon, de l’université de sociologie de Québec, et Joel Lexchin, de l’université de gestion et de politique de la santé de York, à Toronto (Canada).
Le Figaro économie remarque que « les laboratoires pharmaceutiques sont devenus les rois de la réclame », et note que le chiffre de 60 milliards « est déjà astronomique en soi, puisqu’il représente plus de 24 % du chiffre d’affaires réalisé outre-Atlantique ».
« Plus frappant, ce montant est deux fois supérieur à ce que les laboratoires ont consacré à la R & D et au développement de nouveaux médicaments »,
poursuit le journal.
Le quotidien relève que « cette évolution tient notamment au fait que les laboratoires trouvent de moins en moins de molécules, ce qui les conduit à vouloir tirer le maximum de profit de chacun de leur médicament ».
Le Figaro économie précise que les deux chercheurs « ont pointé deux postes très importants : les échantillons distribués par les laboratoires, et les visiteurs médicaux, qui représentent à eux deux plus de 60 % des dépenses en marketing ».
Le journal note de plus que la publicité auprès du grand public est un poste qui « ne cesse de prendre de l’ampleur ».


8- « Médicaments : les aides au suivi des traitements strictement encadrées » Les Echos, Le Figaro économie
Les Echos notent que « la proposition de loi sur les programmes d'aide au suivi des traitements médicamenteux, un sujet très polémique, sera examinée en avril ».
Le journal relève que « les laboratoires qui financent les projets ont accepté d'importantes restrictions ».
Le quotidien indique qu’actuellement, ces projets « concernent surtout des produits injectables, pour la sclérose en plaques ou l’ostéoporose, où l’éducation des patients est cruciale pour que le traitement soit efficace ».
Les Echos font savoir que selon cette proposition de loi, « les programmes ne concerneront que des pathologies graves et chroniques. Pas question de les autoriser pour des troubles cutanés ou l’hypertension bénigne ».
« Ils ne devront concerner que les médicaments présentant «une complexité particulière d’utilisation» »,
selon un rapport de l’Igas, poursuit le journal.
Le quotidien ajoute que « les programmes devront être acceptés par les médecins et les patients, qui pourront en sortir à tout moment, et les laboratoires ne pourront pas entrer en contact direct avec eux ».
Le Figaro économie indique de son côté que « la baisse des prix des médicaments génériques se poursuit en France ».
Le journal note ainsi que « les autorités de santé ont imposé une nouvelle réduction de 6% en moyenne, en 2008 ».


ENTRE LES DEUX...

9-« Les laboratoires sont contraints de révolutionner leur recherche » Le Monde
C’est ce que constate Yves Mamou dans Le Monde.
Le journaliste observe ainsi que « le lancement de nouveaux médicaments est de plus en plus coûteux et rapporte de moins en moins ».
Yves Mamou relève qu’« en 2006, les seuls laboratoires américains ont investi 55 milliards de dollars (37,5 milliards d'euros) en recherche et développement, soit trois fois plus qu'en 1995 pour deux fois moins de médicaments commercialisés ».
Yves Mamou indique que « comme l'expliquait Jean-François Dehecq, président de Sanofi Aventis le 12 décembre 2007 dans un amphithéâtre de Sciences Po, à Paris, "le modèle Pfizer (qu'a suivi) toute l'industrie pharmaceutique est mort depuis 2 ans" ».
Le journaliste rappelle que « ce "modèle Pfizer", c'était des médicaments de masse (cholestérol, diabète, hypertension...), des "blockbusters" propulsés au-delà du milliard d'euro de chiffre d'affaires par des dépenses de marketing deux fois supérieures aux dépenses de recherche. Et lorsque cette dernière peinait à accoucher, en interne, de médicaments miracles, une offre publique d'achat permettait de les capturer chez le voisin ».
Yves Mamou explique que « l'environnement a changé. Les autorités sanitaires pèsent sur le prix des médicaments pour réduire la part de la pharmacie dans le déficit de l'assurance-maladie, votent des "lois anti-cadeaux" pour réduire la pression marketing des laboratoires sur les médecins et relèvent de manière drastique leurs exigences d'efficacité et de sécurité avant de délivrer une autorisation de mise sur le marché ».
« Parallèlement, la montée en puissance des médicaments génériques ampute de plus en plus le chiffre d'affaires des géants de la pharmacie »,
continue le journaliste.
Yves Mamou se penche donc sur la « débureaucratisation » de la recherche, qui « a pour but de sortir de l’effet de cisaille. Chez Roche, mais aussi chez GSK ou Sanofi, les centres de recherche ont été réorganisés pour rendre possible l'éviction d'une molécule à tout moment du développement plutôt qu'à la fin de chaque étape et pour organiser une réflexion multidisciplinaire permanente ».
Le journaliste explique sur la même page que « les laboratoires ne sont pas seulement tenus d'accroître la productivité de leur recherche. Ils pourraient être amenés à s'impliquer davantage dans les programmes d'observance de soins pour les patients ».
Yves Mamou relève ainsi que « l'indiscipline des patients coûte très cher. […] Les organismes d'assurance-maladie, publics ou privés, rechignent en effet de plus en plus à rembourser à un taux élevé des produits pharmaceutiques onéreux que les patients consomment peu ou pas ».
Le journaliste note que « financer des programmes d'observance permettrait aux laboratoires pharmaceutiques de rebâtir un capital de confiance sérieusement érodé ces dernières années, mais aussi et surtout d'élargir leur chiffre d'affaires ».

10- « Suicides : des médicaments placés sous surveillance » Le Figaro, Les Echos
Le Figaro indique que « la FDA demande aux laboratoires de renforcer les contrôles sur leurs nouvelles molécules, lors des essais cliniques ».
Le journal note en effet que « la FDA a décidé de réclamer depuis quelques mois aux industriels qu'ils étudient de près si les sujets inclus dans les essais cliniques en cours ont ou non un risque suicidaire ».
Le quotidien relève que « tout a démarré après le gros coup dur infligé au géant français Sanofi en juin 2007 : sa demande d'autorisation de mise sur le marché américain du Rimonabant ®, conçu pour lutter contre l'obésité et le surpoids, mais aussi le diabète gras de la maturité et certaines dyslipidémies, avait été rejetée par l'agence fédérale américaine ».
« Motif : quatre suicides, des troubles de l'humeur, des idées suicidaires et des phobies soudaines avaient effrayé le comité scientifique »,
rappelle Le Figaro.
Le journal retient qu’« après des décennies de mépris quant aux possibles effets secondaires psychiatriques des médicaments lors d'essais cliniques, l'agence fédérale s'est dotée de nouvelles règles ».
Le quotidien indique que « Jean-Marc Podevin (Sanofi Aventis) confirmait hier que la firme «a bien reçu une demande de la FDA d'utiliser l'échelle de Posner, élaborée pour évaluer le risque de suicide, pour tous les essais cliniques en cours» et ce dès le début du dossier d'enregistrement du Rimonabant ® ».
Le Figaro note que « l'agence a envoyé des lettres officielles en ce sens à la plupart des industriels, mais n'a pas communiqué officiellement sur ce thème ».
Le journal précise que « des médicaments antiépileptiques, des troubles de l'humeur, de l'incontinence urinaire, des médicaments de sevrage tabagique sont dans le collimateur de l'agence fédérale ».
Le Figaro observe cependant que le Dr Kelly Posner (département de psychiatrie, Columbia University, New York) « considère avoir du mal à convaincre ses homologues de l'Afssaps de l'intérêt de cet outil moderne [qu'est l'échelle portant son nom]. À l'Afssaps, on considère, «au contraire, que c'est une préoccupation nouvelle qui va réclamer une concertation supranationale au niveau de l'agence européenne» ».
« Mais, à ce jour, les industriels n'ont pas été sommés de le faire »,
remarque le journal.
Les Echos relèvent également qu’aux Etats-Unis, « les laboratoires devront mesurer les pensées suicidaires lors des essais cliniques ».

11- « L'innovation thérapeutique stagne en France »
Les Echos

Les Echos notent en effet que « le bilan 2007 des avancées thérapeutiques [présenté par le LEEM] n’est pas, à première vue, très encourageant ».
Le quotidien note que « la Haute Autorité de santé n’a reconnu que 51 améliorations du service médical rendu, contre 58 en 2006 ».
« Mais on dénombre tout de même 19 nouvelles molécules, qui couvrent 24 indications en cancérologie, en hématologie, en diabétologie, ou encore en neurologie »,
remarque le journal.
Le quotidien indique par ailleurs que « le combat ne faiblit pas sur le front des maladies rares », et explique que « le cancer, les maladies rares et le vieillissement sont des pistes de recherche prioritaires ».
Les Echos relèvent néanmoins qu’« au cours des 5 dernières années, la capacité d’innovation de notre pays reste stable, quand la recherche mondiale avance à grands pas ».


MAIS...

12- « La psychiatrie publique oubliée » Libération
Libération livre sur sa Une et 3 pages « le «J’accuse» de Sandrine Bonnaire ».
Le quotidien indique en effet qu'« à l’occasion de la sortie de son documentaire, «Elle s’appelle Sabine», l’actrice est retournée sur les lieux où a été internée sa sœur, dressant un constat alarmant de la psychiatrie publique ».
Sandrine Bonnaire déclare ainsi : « Sabine a été endormie, enfermée, droguée, et tout cela a servi à quoi ? Pendant ces années-là, on ne comprenait pas. On nous disait que c’était nécessaire, qu’il fallait l’interner. Et nous, avec mes sœurs, on voyait Sabine décliner ».
Libération en profite pour se pencher sur cette « psychiatrie publique oubliée », observant que « depuis près de 20 ans, elle tangue dans une indifférence des pouvoirs publics. On ferme des lits à tour de bras, passant de près 80 000 lits en 1989 à 40 000 ».
« Le nombre de patients suivis en psychiatrie a pourtant été multiplié dans la même période par deux »,
remarque le journal.
Le quotidien relève qu’« il y a bien eu un plan «santé mentale», lancé en 2005, par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la Santé. Concocté à la hâte, juste après le double meurtre à l’hôpital psychiatrique de Pau, il est aujourd’hui englué dans une panne complète ».
Libération rappelle qu’« en décembre, le Comité national d’éthique a rendu un rapport sur les insuffisances de la prise en charge des autismes en France. Son président, le Pr Didier Sicard, est sorti de sa réserve, pour évoquer «la honte française» et assurer que «nous sommes à la limite de la maltraitance» ».
Le journal précise que « des secteurs de psychiatrie se démènent, souvent seuls. […] Des associations de malades mentaux font un travail remarquable. Il n’empêche, sur ce paquebot devenu ivre, l’industrie pharmaceutique reste seule à bénéficier de moyens. Elle impose sa loi, parfois avec raison : bien des molécules ont réussi à adoucir la vie des malades ».
« Mais est-ce si bon signe qu’en France, jamais la consommation de médicaments, comme les antipsychotiques, n’a été aussi prégnante ? »,
s’interroge Libération.

13-Médicaments : « La concurrence fera baisser les prix », selon Roselyne Bachelot Le Parisien
Le Parisien remarque que « le pouvoir d'achat se défend aussi dans les pharmacies », et livre une interview de la ministre de la Santé qui « dévoile son plan pour réduire les prix de certains produits ».
Roselyne Bachelot déclare ainsi que d’ici 3 mois, certains « médicaments seront en libre-service dans les pharmacies, mais encadrés par un conseil personnalisé de la part du pharmacien. J'en attends une amélioration de l'information, plus de choix et une baisse importante des prix publics de ces médicaments ».
La ministre note qu’« on est dans une démarche de concurrence dont on sait qu'elle fait baisser les prix. Les officines s'inscrivent aussi dans l'objectif national d'amélioration du pouvoir d'achat ».
Roselyne Bachelot relève que « les patients aujourd'hui veulent être des acteurs de leur propre santé, ils veulent être plus autonomes, tout en pouvant avoir les conseils de professionnels avisés ».
La ministre précise qu’« environ 200 spécialités […] ont été déjà identifiées. Il s'agit d'antalgiques, d'antitussifs, de médicaments ORL, dermatologiques ou de spécialités indiquées en gastro-entérologie, en ophtalmologie, mais aussi des produits de sevrage antitabagique. C'est une première liste, sachant qu'au total 3 000 produits sont potentiellement éligibles. […] Cet accès libre concernera uniquement les médicaments délivrables hors prescription ».
« Qu'ils soient remboursables ou pas n'a pas été le critère de sélection, ce sont des critères de sécurité sanitaire qui nous ont guidés »,
poursuit Roselyne Bachelot.
La ministre aborde en outre la hausse récente de prix de certains médicaments déremboursés, déclarant : « Je condamne avec la plus grande fermeté ces dérapages, même si, globalement, on ne peut pas dire que le déremboursement a amené des augmentations de prix. Je vais rappeler sérieusement à l'ordre les laboratoires concernés ».

14-« Coup de chaud sur les médicaments » Le Parisien, L’Humanité
Le Parisien note à son tour, sur une page : « Veinotoniques, antitussifs... Depuis le début de l'année, des dizaines de produits qui ne sont plus remboursés par la Sécu voient leur prix s'emballer ».
Le journal observe que « les pharmaciens tirent la sonnette d'alarme », relevant que « pour les patients, la pilule est amère ».
Le quotidien remarque que « dans le peloton de tête du palmarès établi par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, le Daflon ® (Servier), avec une hausse de 33 % de son prix de vente aux pharmaciens ».
Le Parisien ajoute que « sur les 168 spécialités qui viennent d'être déremboursées, le prix de certains sirops antitussifs ou collutoires flambent aussi. Et là encore, Servier se distingue (son Pneumorel ® grimpe de 294 % en version sirop et de 64 % en version comprimés) ».
Le journal note que « chez Servier, on évoque un «rattrapage nécessaire» », le quotidien citant un responsable du laboratoire.
Celui-ci déclare qu’« entre 1992 et février 2006, on a subi quatre baisses autoritaires de prix du Daflon ®. Même avec cette hausse, on n'a toujours pas rattrapé son prix d'origine. Quant au prix du Pneumorel ® en flacon, on n'avait pas le choix, on était tombé en dessous du seuil de rentabilité ».
Le Parisien indique par ailleurs que l’UFC-Que Choisir « part en guerre contre les labos ».
Le quotidien relève que « pour l’association de défense des consommateurs, les labos pharmaceutiques sont «responsables de la dérive des prescriptions de ville» ».
Le Parisien explique que l’UFC-Que Choisir « s’appuie sur sa dernière étude consacrée aux «antiagrégants», préconisés dans les problèmes cardiovasculaires ».
Christophe Le Guehennec, chargé de mission santé à l’association, remarque ainsi que « de 2002 à 2006, leurs prescriptions ont augmenté de 88 %, sans raison. Ce dérapage est le fait d’un médicament, le Plavix ®. Prescrit dans 80 % des cas, il aurait pu être remplacé une fois sur deux par de l’aspirine, 27 fois moins cher ».
Le Parisien observe que le président de Que Choisir, Alain Bazot, « demande au ministre de la Santé de «désarmer le feu des labos», en mettant en place «un corps de 800 visiteurs publics, dépendant de la haute Autorité de santé» et en augmentant la taxe sur les dépenses de promotion ».
L’Humanité remarque de son côté que « l’UFC-Que Choisir dénonce le gâchis de prescriptions médicales diligentées par les laboratoires pharmaceutique et leurs conséquences sur le déficit de la Sécu ».
Le journal retient ainsi que « les prescriptions de médicaments en ville ne sont pas rationnelles ».
L’Humanité note que l’association « propose la création de 1 700 [?] visiteurs médicaux publics, sous la responsabilité de la HAS, dont le rôle sera de dispenser une information objective. Ils seraient constitués pour un tiers de médecins et pour deux tiers d’infirmiers ».

15-« Difficultés d'endormissement chez les enfants : pas de médicament » Prescrire numéro 291
Prescrire note en effet que « la prise en charge des troubles de l’endormissement chez les enfants repose sur des mesures non médicamenteuses : une bonne hygiène du sommeil en premier lieu ».
La revue « déplore la nouvelle indication officielle de l’hydroxyzine comme hypnotique chez les enfants à partir de 3 ans (sous forme de sirop) ».
Prescrire rappelle que « l’efficacité de l’hydroxyzine n’est pas démontrée dans cette indication, alors que ses effets indésirables nombreux et parfois graves sont connus depuis plusieurs années : troubles neurologiques et psychiques, réactions allergiques graves, etc. ».
Le mensuel constate en outre que « l’hydroxyzine sous forme sirop contient de l’alcool et des substances susceptibles d’entraîner des convulsions (dérivés terpéniques) ».
Et « la seringue orale est graduée en ml, alors que sa posologie est exprimée en mg, ce qui fait craindre des surdoses par erreur de conversion », poursuit la revue.

16-Le thermalisme pour soigner la dépression Le Parisien
Le Parisien fait savoir qu’aujourd’hui, « une équipe de chercheurs français rend publique une vaste étude démontrant pour la première fois les effets bénéfiques du thermalisme sur la dépression ».
Le journal cite le Dr Olivier Dubois, coordonnateur de l’enquête, psychiatre à la station thermale de Saujon (Charente-Maritime), qui remarque que « cette méthode s’avère beaucoup plus efficace que certains médicaments ».
Le Parisien explique que cette étude, intitulée Stop-Tag, a été réalisée auprès de 318 personnes : « Les patients ont été partagés en deux groupes. Le premier a bénéficié de 3 semaines de soins thermaux […] et le second a reçu un traitement médicamenteux à base de Deroxat ® ».
Le quotidien note que « selon l’évaluation des deux groupes réalisée 8 semaines après le début du traitement, la diminution des symptômes anxieux, comme les troubles du sommeil, est beaucoup plus importante chez les curistes ».
Le Dr Dubois précise : « Ils sont 50 % à aller mieux contre 35 % pour le groupe sous médicament ».
Pour expliquer ces résultats, le psychiatre observe notamment que « des études ont montré que l’action de l’eau sur la peau stimule les cellules qui agissent sur la glande surrénale, impliquée dans le stress. Il y a aussi une action positive sur la fabrication par notre organisme des opioïdes endogènes, des molécules permettant de lutter contre la douleur ».
Olivier Dubois ajoute : « Il est temps de prendre au sérieux les vertus du thermalisme dans les troubles psychiques. Pourquoi ne pas l’envisager avant de prescrire des médicaments ? On peut faire les deux ».

17-Essais médicamenteux sur animaux : ausculter sans toucher Libération
Libération note qu’à l’hôpital Robert-Debré à Paris, « un dispositif high-tech permet d’examiner sans les déranger des bébés souris soumis à des essais médicamenteux ».
Le journal explique ainsi que « grâce au dispositif unique au monde qu’ils ont mis au point, [les membres de l’équipe de Jorge Gallego, de l’unité 676 de l’Inserm,] examinent depuis leurs pupitres l’état de santé du cobaye sans le toucher ou le traumatiser, ce qui arriverait certainement s’ils tentaient de le brancher par des fils à d’effrayants appareils médicaux ».
« Tandis qu’enfermé dans sa cage de verre, le nourrisson continue à rêver, défilent sur les écrans les images visibles et infrarouges de son corps fragile, les courbes de son électrocardiogramme et de sa respiration, et l’analyse de ses vocalises… »,
note le quotidien.
Libération précise que l’« objectif de ces scientifiques si soucieux de la tranquillité des animaux [est de] proposer un procédé pour tester sur les rongeurs de bas âge des médicaments destinés aux bébés humains ».
Le journal rappelle en effet que « depuis janvier 2007, un nouveau règlement adopté par la Commission européenne incite l’industrie pharmaceutique à accélérer ses recherches dans le domaine de la pédiatrie ».
Le quotidien indique ainsi qu’« équipé de micros et placé sous l’œil de deux caméras, […] le dispositif contient sous son plancher quatre électrodes qui, mises en contact avec les pattes du rongeur, servent à suivre son rythme cardiaque. Autre gadget étonnant : un pléthysmographe ultra-précis, comme il n’en existe que trois ou quatre exemplaires au monde, mesure la minuscule respiration de bébés souris de 2 grammes en relevant les variations de la pression de l’air à l’intérieur de la boîte ».
Libération relève que « Jorge Gallego et ses collègues étudient chez l’animal toutes sortes de pathologies ou de traitements pédiatriques : syndrome respiratoire d’Ondine (une forme d’apnée grave) apparaissant chez les nouveaux nés ou conséquences d’une oxygénation exagérée des prématurés ».
L’appareil permet aussi « d’établir l’existence des éventuels effets indésirables d’un médicament sur un rongeur de moins de 10 jours. Et même de repérer […] des incidences éventuelles sur ses capacités de mémorisation et d’apprentissage », note le journal.

18-La bonne association médicamenteuse pour le THADA (Santé magazine)
Difficile d’évaluer la prévalence du THADA (trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention) : selon les études, il se situerait aux alentours de 3 à 5% des enfants scolarisés. C’est en effet à cette époque du développement qu’on porte souvent le diagnostic, lorsque que l’on commence à demander à l’enfant de fixer son attention sur des tâches déterminées. Il faut souvent attendre le début de l’adolescence pour voir le trouble s’atténuer puis disparaître. Néanmoins, il y a souvent nécessité d’un traitement médicamenteux afin de corriger un déficit d’attention lourd qui peut nuire à l’acquisition des connaissances. Le point sur un essai récent étudiant la clonidine seule ou en association dans le traitement du THADA.

L’étude a été réalisée pendant 16 semaines chez 122 enfants âgés de 7 à 12 ans porteurs de tous les sous-types de THADA. Il fut randomisé, en double aveugle, contrôlé contre placebo et les groupes reçurent soit clonidine (n=31), soit méthylphénidate (n=29), soit clonidine plus méthylphénidate (n=32), soit enfin placebo (n=30). En deux périodes de 4 semaines, la clonidine (ou placebo) et le méthylphénidate (ou placebo) furent adaptées à la dose optimale et poursuivis 8 semaines. Le critère principal d’observation (à T=0 et T=16 semaines) fut un questionnaire spécifique utilisé par les enseignants (the Conners Teachers Abbreviated Symptom Questionnaire, CTASQ). En critères secondaires, les investigateurs utilisèrent le CTASQ pour les parents et une échelle d’évaluation globale (EG) pour les enfants.
Sur le CTASQ, la clonidine ne montra pas une amélioration des symptômes du THADA, tandis qu’à l’inverse, les jeunes patients sous méthylphénidate furent significativement améliorés par rapport à ceux qui n’en reçurent pas. Par contre, le groupe clonidine s’avéra mieux amélioré pour le CTASQ parental et l’EG, de même qu’il montra un plus fort taux de sédation par rapport aux groupes qui n’en bénéficièrent pas.
L’étude connut une seconde analyse qui porta cette fois sur les éventuels changements à l’ECG ainsi que sur les effets indésirables, toujours à T=0 et T=16 semaines. Il fut relevé plus d’épisodes de bradycardie chez les sujets sous clonidine que ceux qui le prirent pas (17,5%/ 3,4% ; p=0.02), sans pour autant d’autres anomalies ECG ou troubles cardiaques. Pas plus que d’interactions entre clonidine et méthylphénidate pour ce qui fut des évènements cardiaques. S’il y eut plus d’incidents secondaires sous clonidine (79,4%/ 49,2% ; p=0.0006), cela n’entraîna pas un plus grand nombre d’arrêts prématurés. Les troubles du sommeil avec la clonidine furent fréquents mais disparurent après 4 à 6 semaines. Les investigateurs considérèrent finalement qu’aussi bien seule qu’associée au méthylphénidate, la clonidine s’avéra bien tolérée et sûre, en soulignant qu’une surveillance de la bradycardie et une information auprès des parents sur de possibles troubles du sommeil seraient judicieuses.
Quant à l’efficacité globale, c’est incontestablement l’association méthylphénidate plus clonidine qui ressortit le mieux sur le CTASQ.

Dr Gérard Mégret

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