Une fiction contemporaine : la maladie dépressive.
Jean-Claude Maleval
La maladie dépressive est une invention assez récente. Forgée dans la deuxième moitié du XXème siècle, elle affirme l’existence d’un substrat organique commun à des troubles qui s’étendent de la psychose mélancolique à la déprime passagère, en passant par la mélancolie d’involution, la dépression réactionnelle à un événement douloureux, voire la dépression masquée révélée par des troubles somatiques. On s’empresse en général d’ajouter qu’à cette maladie conviendrait un même traitement : les chimiothérapies anti-dépressives, voire les électrochocs. Son existence est présentée comme un savoir scientifique ; pourtant il ne s’agit que d’une hypothèse dont les fondements sont si minces que sa validation future s’avère très improbable. Elle n’est aujourd’hui corroborée ni par un marqueur biologique, ni par une donnée étiologique, encore moins par des données cliniques.
La maladie dépressive se forme autour du noyau de la mélancolie, puis, une fois conçue, elle s’étend, comme l’encre sur un buvard, à toutes les pathologies dominées par un affect de tristesse, voire au-delà, dès lors toutes les études épidémiologiques s’accordent sur sa croissance exponentielle lors des dernières décennies. Elle serait en passe de devenir la principale menace pour la population. En France, elle atteint la proportion extravagante d’environ 15% de celle-ci. « L’augmentation du nombre des déprimés, pris en charge ou non, suscite la stupéfaction des épidémiologues qui voient rarement les chiffres s’envoler avec autant d’allant. Aucune pathologie ne connaît un tel développement »[1]. Nul ne faisant l’hypothèse d’un virus ni d’un germe, une telle épidémie ne connaît guère de précédent. À la seule exception de celle des personnalités multiples aux USA à la fin dans les années 1990.
À suivre dans LNA 7
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