Jacques-Alain Miller
Philippe Sollers, Un vrai roman. Mémoires
Sa pléiadisation soucie Sollers. Il se moque de l’Académie, a fait une croix sur le Nobel, qui le lui rend bien, mais entrer de son vivant dans cette belle collection, ça, ça le branche. On y donne parfois les articles sortis au moment de la parution, c’est tendance en matière d’apparat critique : et si mon article était pléiadisé dans la foulée ?
Un vrai roman ? Un classique instantané. C’est un livre merveilleux, et qui se lit d’une traite. Il s’alourdit par instants, semble fléchir, s’effilocher, partir en quenouille - mercis aux proches, poignées de main, petits saluts, clins d’œil, courbettes aux Gallimard, listes multiples, toujours divertissantes d’ailleurs - c’est pour mieux se ressaisir, repartir, rebondir et cavaler, le tout s’épanouissant en Livre de sagesse : Homère, Dante, Shakespeare, etc, the usual bunch, plus Heidegger, la Chine, la Bible … n’en jetez plus.
Sollers en sage, est-ce crédible ? Se disant maintenant fourbu, il se prête “une sorte de savoir absolu” sur les choses du sexe. “Dans mon cas, dit-il avec une précision clinique, il me semble qu’après 55-60 ans, le détachement biologique s’est fait de lui-même”. La chouette de Minerve, on le sait, ne paraît que l’histoire achevée. Est-elle si achevée que cela, cette histoire de Sollers, où il nous introduit ? Leurre, gant jeté aux dames, pour exciter leur curiosité de visiter les ruines d’une splendeur phallique qui fut digne de l’heure fauve où les nymphes se perpétuent. Ce sage commença tôt sa carrière de faune.
À suivre dans LNA 7
2 commentaires:
Sollers chroniqué par JAM... et moi qui craignais la dépression !! :-)
Mieux que ça : l'article est incroyable : un véritable ravissement...
Cordialement
Pierre Sidon
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